mercredi 23 janvier 2013

L'enfer, c'est les autres

Ça serait finalement tellement plus facile de vivre avec l'infertilité si on vivait tous les deux en autarcie sur une île déserte. Sauf que dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça. Les autres sont là pour nous renvoyer sans cesse à notre douleur.

Lundi, j'ai finalement pas trop mal encaissé la nouvelle, sur le coup. Quand j'ai ouvert l'enveloppe, le résultat ne m'a pas surprise. Chéri a été adorable, et a sorti de sa poche mes chocolats préférés "pour noyer mon chagrin dans le chocolat". On a digéré la nouvelle tous les deux, en amoureux, dans la tendresse et même dans l'humour. Chéri a réussi à me faire rire à travers mes larmes. On était proches, plus amoureux que jamais dans notre douleur. Et j'ai à peine pleuré, j'étais fière de moi.

Mardi, la mère de mon chéri a appelé (encore!), et j'ai décroché. Mal m'en a pris. Au détour de la conversation, voilà qu'elle se met à parler du bébé de M. et Mme Pomme, les amis de mon chéri (voir ici). "Oh vous verriez comme il est beau, il est trop mignon!" (Je sais merci, j'ai déjà eu droit aux photos et j'ai pleuré pendant 10 minutes). "Et puis tu verrais M. Pomme, comme il s'y prend bien avec son bébé. C'est vrai que maintenant les pères, c'est plus comme avant. Et Mme Pomme, elle est super zen. Ils se débrouillent comme des chefs, c'est vraiment génial." Et là, à l'intérieur de moi, ça s'est mis à bouillir. Envie de balancer le téléphone et le reste, envie de hurler "ta gueule" à ma belle mère, envie de me cacher dans mon lit et de ne plus en sortir. J'ai bredouillé un "Oui, c'est super", et je me suis empressée de passer le téléphone a mon chéri et de courir m'isoler dans le bureau. Et là, j'ai craqué. Gros crise de larmes, de violence, j'en ai balancé des cahiers, j'avais envie d'hurler, il fallait que ça sorte. Puis Chéri a raccroché et m'a prise dans ses bras. J'ai essayé de lui expliquer en hoquetant que c'était au dessus de mes forces, que je ne voulais pas le voir ce bébé. Mais il ne comprends pas. Pour lui, c'est in-envisageable que je ne vienne pas.

J'en suis réduite à croiser les doigts pour que mon rhume ne guérisse pas d'ici ce week-end. Bah oui, il ne faudrait surtout pas contaminer le bébé, hein...


19 commentaires:

  1. ma grib je sais que d aller voir ce bb est important pour lui....mais est il prêt a sacrifier ton moral plutot que d y aller seul. tu digères a peine l échec et voir leur bonheur des autres t éclater en pleine figure ne fera qu empirer ton mal être....ecris lui une lettre ou bien fait lui lire ton article courafe ma copine de galère

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    1. Je vais peut-être tenter la lettre, c'est une bonne idée!

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  2. Gribouillette, écoute-toi avant tout. Si tu ne te sens pas la force d'aller voir ce bébé (ce qui est très très compréhensible et bien normal!), n'y vas pas. Et tant pis si ton chéri ne comprend pas. Dis-lui juste que tu es désolée mais que c'est vraiment au-dessus de tes forces et que tu as besoin de prendre soin de toi et de te protéger, c'est primordial. Il pourra dire ce qu'il veut à ses amis, que tu es malade (même si tu ne l'es plus, et alors?), ou autre chose.
    Ce qui se passe dans ton corps et dans ta tête est nécessairement différent de ce qui se passe pour ton mari (ne serait-ce qu'à cause des hormones...), et s'il ne peut pas tout comprendre à tes réactions, il peut accepter de te faire confiance sur tes besoins.
    Bises ma belle et courage

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    1. C'est pas gagné mais je ne désespère pas de lui faire comprendre...

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  3. J'ai les larmes aux yeux en te lisant. Tu t'infliges beaucoup en disant "oui, c'est super", enfin je trouve. Mon cher et tendre a mis du temps avant de comprendre que les enfants et grossesses des autres m'affectaient. Il réagissait comme le tien. Ca a changé... comme quoi... Comme la miss dit "il peut accepter de te faire confiance sur tes besoins", c'est si bien dit... Pleins de biz

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    1. En même temps, j'allais pas dire "J'en ai rien à foutre" hein! ;)
      J'ai trouvé que "C'est super" était plus politiquement correct! ^^
      J'espère qu'une fois ses parents au courant, je n'aurais plus besoin de mentir...

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  4. Gribouillette,
    Que ton chéri veuille voir le pépin, je le comprends. Mais ne t'impose pas ça si tu ne te sens pas prête, si tu ne te sens pas encore assez solide. Une tentative qui échoue, ce n'est pas rien. Ton chéri le sait, vos amis peuvent le comprendre. Sinon... tant pis : tu ne pourras compter que sur toi-même pour te protéger des autres.
    Je me répète, mais c'est important : prends bien soin de toi... Des bises et du courage.

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    1. Ah ça c'est sûr que je ne me sens pas assez solide. J'ai peur de me mettre à pleurer, ou bien de les envoyer bouler. Alors qu'ils n'ont rien fait, c'est pas leur faute après tout...

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  5. écoute toi... prends soin de toi... bises

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    1. J'essaie, pas facile, car je pense aussi au moral de mon chéri...

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  6. Bravo pour le courage dont tu as fait preuve au téléphone Gribouillette. Pour le bébé si tu ne peux pas n'y va pas. Ca ne leur enlèvera rien que tu n'y ailles pas puisqu'ils sont heureux, sur leur nuage. Alors que toi ça te ferait trop de mal. Donne toi du temps, au moins pour digérer la pds... Et comme disent les filles, prends soin de toi. Et ton chéri, il comprendra.

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    1. Merci Madame Pimpin. C'est ce que j'ai essayé d'expliquer à mon chéri, que ses amis n'en ont rien à faire que je ne sois pas là...

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  7. Quel manque de tact. Je comprends ta peine, Gribouillette ! J'en serais presque à espérer aussi que ton rhume traîne ou que tu chopes une vilaine gastro.. Non, sans blague, tu fais comme bon te semble et peu importe ce que diront ou penseront les gens : ils ne connaissent pas ta douleur. Ton chéri, oui, alors il devrait comprendre... même si je peux aussi comprendre sa réaction. Courage !

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    1. Je précise pour sa défense que ma belle-mère n'est pas au courant de notre situation, hein.
      D'ailleurs, au programme de ce week-end, y'a entre autre, leur annoncer...

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  8. Je deteste tous ces gens au courant ou pas qui manquent d'humanité..!! Surtout ceux au courant GRR

    Ton titre est vraiment parlant, c'est tout à fait ça.

    Bises

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  9. Je suis désolée pour cet échec. Oui, les autre sont pénibles mais je me dis qu'on a du être "l'autre" de quelqu'un un jour et qu'on a du nous aussi faire du mal sans le vouloir (et sans le savoir). Biz

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  10. ton titre fait écho à cet article de Mme Lambda:
    http://lesdessousdelapma.overblog.com/l-enfer-c-est-les-autres

    comme dit La fille, on a peut-être été un jour celle qui ne savait pas, et qui a peut-être "blessé" sans le vouloir...

    Courage pr le w.end
    Bises

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  11. Je suis désolée, pour l'echec.
    Rien que le titre de ce billet, résume tellement bien ce que l'on peut ressentir.
    Les "autres" c'est l'enfer chaque jour ou presque.
    Les annonces de grossesses, les naissances, etc ... Nous on attend, pourtant ce bonheur chez les "autres" nous rappèlent ce manque que nous avons... Courage, bisous

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