samedi 27 avril 2013

Incompréhensions

Hier, j'ai annulé le déjeuner prévu pour aujourd’hui avec les Lachance. Je n'avais pas la force de voir des gens, et encore moins des enfants en bas âge. J'ai envoyé un bref texto en expliquant qu'après une semaine de traitements et d'aller-retours au CHU, la 4ème IAC avait été annulée, et que je n'avais pas le moral. C'est rare que je m'ouvre comme ça avec eux. Il faut dire que ça fait un moment qu'ils ne nous posent plus de questions. Et que je préfère ne pas lancer le sujet, de peur d'entendre des âneries. C'était un peu un test aussi, ce texto. Pour voir comment ils allaient réagir et répondre. Bah ils ont raté le test.

Pas de soucis on comprends que vous aillez besoin de vous retrouver tous les deux. Ça commençait bien pourtant!
Gardez le moral. Bon, là ça se gâte. J'aime pas trop qu'on m'ordonne d'aller bien, surtout quand la personne ne se rend pas du tout compte des épreuves que l'on traverse.
Ça finira par marcher quand vous vous y attendrez le moins. BIP! FATAL ERROR! Et voilà. Ils n'ont toujours pas compris. Qu'on ne faisait pas un enfant en faisant crac-crac sous la couette. Que pour nous faire un enfant, c'était des contraintes, des piqûres, des sondes dans le vagin, des prises de sang, des couloirs glacés d’hôpitaux. Et que forcément, quand on fait tout ça, bah on s'attend un minimum à ce que ça marche!

Et c'est pas le pire. Parce que eux, encore, qu'ils ne comprennent pas, tant pis.

Mais que mon chéri ne me comprenne pas non plus, sur ce coup-là, ça fait mal.

Il est arrivé tout pimpant à 18h hier soir, alors que j'avais pleuré toute la journée. Que je l'attendais pour partager ma peine. J'avais besoin de réconfort. Qu'il me prenne dans ses bras. D'une parole gentille. Au lieu de ça, il m'a sorti : Bah de toute façon on devait attendre septembre pour la FIV, donc on a le temps de refaire une IAC, ça change rien.

Ça change rien??? Ah oui, pour lui en effet, ça ne change rien. Cette semaine, il a été au boulot, comme d'habitude. Et n'a rien vu ou presque des contraintes que j'ai subies. Moi cette semaine j'ai été entièrement tournée vers l'IAC. Les piqûres. Les aller-retour à la PMA qui me bouffent ma matinée à chaque fois. Les échos. Les prises de sang. Et le soir, quand il arrivait, j'étais pimpante et souriante. Parce que je sais qu'il n'aime pas me voir triste. Parce que je sais que je dois être joyeuse. Alors je prend sur moi, et je raconte ma journée comme si tout ça, c'était de la rigolade. Mais c'est pas le cas.

Et hier soir, il me reproche de pleurer, parce que ça ne sert à rien. Ah, ça faisait longtemps, celle-là!
Il faut rebondir. 
Rebondir? Ça faisait seulement quelques heures que j'avais eu la confirmation que l'IAC serait annulée. J'étais effondrée. Je l'attendais depuis des heures pour pour partager ma peine. Et non, j'ai pas le droit d'aller mal, je dois tout de suite rebondir?

Comment rebondir sans avoir eu le temps d'encaisser, de toucher le fond?

Je croyais qu'il me comprenait mieux ces derniers temps. Je me suis plantée sur toute la ligne.

15 commentaires:

  1. ohhh ma belle :( ça me fait mal au coeur de te lire ! et ton chéri n'es pas sympa ! je sais ce que tu vis, vis a vis de ton homme, et la sensation de ne pas etre comprise, j'ai le meme a la maison, je n'ai pas le droit de pleurer, si c'est annuler c'est pas grave ce sera pour la prochaine fois ...
    et tes amis lachance, ne doivent pas avoir tout leur cerveau .... L'autre jour je me suis pris dans les dents de la part de ma belle soeur, qui faut etre completement con pour envier une femme enceinte , et en etre jaloux... pfff .. comme quoi ... personne ne nous comprends quand on ne passe pas, par toutes ces étapes ... je ne peux te donner que du courage pour surmonter tout ça, meme si par moment j'ai l'impression qu'on est en tete a tete avec la peine que l'infertilité nous donne ... des bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci^^
      Décidément, les hommes sont tous les mêmes. Quant aux Lachance, il y a bien longtemps que je n'attends plus rien d'eux. C'est dommage.

      Supprimer
  2. Oh, ça fait de la peine de te lire :-(
    Je comprends tellement ce que tu peux ressentir :-( ... Finalement, c'est nous qui subissons les traitements sur notre corps, et qui avons donc le + de poids sur les épaules...
    Tu vois, hier, j'ai été couchée tout l'aprèm à cause de nausées (merci la dose doublée de progestan cette fois-ci) et de crampes d'utérus (seulement 4 jours après l'IAC, ça promet pour les 10 jours à venir...). Je suis quasi sûre que c'est foutu encore pour cette fois-ci ( ouais, je vois pas comment un embryon pourrait s'accrocher avec des torsions pareilles ... )... Aujourd'hui, j'aurais voulu que mon Amoureux reste avec moi... ben non, il est parti en spéléo avec ses potes, comme si de rien n'était... et moi je me retrouve seule face à mes angoisses...

    Tout ça pour dire que ce n'est pas que ton amoureux qui réagit comme ça, je pense qu'à un moment ou à un autre, on ressent toutes ces impressions de ne pas être comprises, ou qu'il y a un monde entre eux et nous... c'est flippant, et sur le coup on se dit "mais comment on peut tenir sur la durée dans ces conditions?"....

    Et pourtant... je pense aussi que pour eux c'est une façon de se "protéger"... autant nous on va extérioriser en parlant de ce qu'on ressent, en chouinant pour un rien... autant pour eux, relativiser et "passer vite à la suite" permet de ne pas sombrer...
    Leur position n'est pas forcément facile non plus... dans l'imaginaire collectif, sans être macho et quoi qu'on en dise, la société s'est bâtie depuis des siècles sur l'idée selon laquelle l'homme, c'est celui qui est fort, qui assume, qui ne craque pas et qui tient le cap... Pas facile, pour eux, de se laisser aller aux sentiments...

    Et puis, je pense qu'il y a du "positif" dans leur façon de réagir, aussi...
    Le fait qu'ils soient plus "optimistes", ou du moins qu'ils relativisent plus les choses, c'est important! Au moins, il y en a un des deux "qui tient bon", qui, malgré tout, continue de maintenir le dynamisme et le mouvement nécessaires pour continuer d'avancer...
    Même s'il m'énerve parfois dans ses réactions, même si j'ai parfois l'impression de ne pas être comprise/ qu'il n'en a rien à faire/qu'il "zappe" ce que je ressens parce que finalement c'est plus facile que de tenter de me réconforter de manière maladroite, mon Amoureux je le vois comme un "phare" ... je ne sais pas si tu connais cette chanson, mais je trouve qu'elle résume bien ce qu'un couple traverse face à la PMA:
    http://www.youtube.com/watch?v=ruz9AN2MlTA

    Désolée pour le loooooooong commentaire ^^ Moral pas au beau fixe ici non plus, ça fait du bien d'extérioriser, et puis j'espère que ça t'apportera un ptit peu de réconfort...
    Je suis à la maison toute la journée, sensée préparer des cours pour la dernière ligne droite jusqu'aux vacances ^^... si tu as envie de "papotter", tu peux m'envoyer un mail via le "contact" tout en bas de mon blog ;-)
    Bisous, et courage!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci d'avoir pris le temps d'écrire un aussi grande commentaire. :)

      En effet, ils ne réagissent pas comme nous. Je comprends ça et je lui permet de ne pas réagir comme moi. Mais alors au moins qu'il fasse l'effort de comprendre que pour moi c'est pas facile...
      Comme tu dis, heureusement qu'ils sont là quand même nos hommes, car plus positifs que nous, et ça nous booste et nous force à avancer quand même.

      Je ne connaissais pas la chanson, je la trouve très belle. :)

      Je croise quand même pour ton IAC!

      Supprimer
  3. Je suis très triste de lire ce post... L'annulation de l'IAC, c'est déjà un gros coup dur, mais l'incompréhension des proches, c'est le coup de grâce...
    Perso, je pense qu'il ne faut pas hésiter à en parler... Avec tes amis, quitte à être très directe. Et surtout avec ton homme, car c'est lui le plus important. C'est lui qui doit te soutenir, être présent, écouter, te réconforter. Car après tout, c'est important qu'il participe à sa manière dans la démarche.
    J'ai beaucoup fait participé mon mari à notre Fiv. Il est venu à tous les rdv avec Professeur miracles, m'a régulièrement déposé au cabinet pour les échos. C'est également lui qui a fait toutes les piqûres, ce qui lui a valu d'annuler quelques sorties sportives. Mais je trouve que c'est important. Pour ne pas vivre la chose seule, pour ne pas tout porter, pour qu'il comprenne également ce que ça impliquait pour moi.
    Après, dans mes moments de blues, de pleurs, de doutes, il a toujours fait en sorte de ne pas s'effondrer lui aussi, de garder cette part d'optimisme, de bon sens parfois, qui m'a permis de remonter, de ne pas me laisser aller. Les hommes sont pragmatiques... Tournés vers l'avenir... C'est aussi très important. Je n'imagine pas dans quel état j'aurai été si nous étions effondrés ensemble à chaque fois que j'avais un coup de mou !

    Prenez du temps pour parler... Dis lui ce que tu as sur le coeur, ne reste pas avec ces émotions, ce ressenti, je pense que ce n'est pas bon.

    Je te fais de gros gros bisous
    Et je t'envoie tout plein de soutien et de pensées.


    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai que c'est important qu'ils s'investissent.
      Mais mon homme veut rater le travail le moins possible, ce que je comprends. Du coup c'est toujours moi qui gère, les mercredis et jours de vacances.
      Il ne peut pas m'emmener à la PMA, c'est à 45 km d'ici, et son boulot est à 25km dans le sens inverse.
      Du coup, petit à petit, j'ai pris l'habitude de gérer seule. Mais là je ne supporte plus...

      Supprimer
  4. ;-(... Parfois on se sent si seul dans cette bataille...Je ne sais que te dire, je pense bien à toi. Bises

    RépondreSupprimer
  5. Je suis triste pour toi... C'est déjà assez dur comme ça. Pas besoin qu'en + ton chéri te "lâche".
    En lisant les autres commentaires, je me rends compte que les mecs sont souvent maladroits. Le mien ne déroge pas à la règle. Je me souviens parfaitement de ses "fuites" alors que j'étais en plein traitement. J'aurais tellement eu besoin de lui, de sa présence... mais il préférait s'aérer, voir des copains, aller eu foot. Et quand je lui reprochais, il s'énervait, ne comprenant pas. On ne doit pas être faits pareil. Malheureusement, c'est tjs à nous d'assurer la PMA... donc ils ne comprendront jamais, je le crains. Un peu de soutien ne ferait pourtant pas de mal.
    Bon courage à toi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, c'est ça on n'est pas fait pareil. On a essayé de parler, ça va un peu mieux. Jusqu'à la prochaine fois.

      Merci.

      Supprimer
  6. Dur dur de gérer tout ça toute seule franchement... C'est déjà tellement difficile !
    Plein de bisous de soutient !

    RépondreSupprimer
  7. Douces pensées.... Je pense qu'on a pas la meme réalité notamment en PMA entre les hommes et les femmes... L'autre jour dans l'émission sur l'infertilité un des mecs disaient "rohh le plus dur ça a été la masturbation pour faire la récolte pour la fiv" j'ai pas pu m’empêcher d'engueuler le mec sur mon écran ah bah oui c vrai que se poupougner c'est pas facile laisse moi rire et les examens diagnostics (hystéro et compagnie) les piqures la ponction le transfert ah oui c vrai que c de la rigolade à coté d'une poupougne!!
    L'infertile blasée et revencharde ^^

    Catherine

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci. ^^

      En effet, ça ne doit pas être rigolo de se retrouver face à un gobelet (psychologiquement surtout je pense) mais comparer à ce que nous on traverse, hein...

      Supprimer
  8. Arf, les mecs...j'ai le même à la maison. Ils réalisent sans réaliser vraiment. Moi c'est limite s'il m'engueule pas quand il me voit pleurer :s
    Mais après la mauvaise passe, avec le recul, ils se rattrapent.
    C'est pas pour rien qu'on dit qu'ils vivent sur Mars et nous sur Vénus ;-)
    J'comprends qu'après une journée/semaine difficile on est envie de réconfort...
    Gros bisous

    RépondreSupprimer