mercredi 28 août 2013

Merci Maman

Je me suis rendu compte que je parle très peu d'elle sur mon blog. Pourtant, malgré ses maladresses du début, ma mère est aujourd'hui un soutien précieux.

Au début, oui, c'est vrai, elle m'a beaucoup saoulée. Parce qu'elle souhaitais me protéger, et sans doute se protéger en même temps, elle "minimisait" beaucoup. Ça va marcher, mais non tu n'as rien de grave, faut cesser d'y penser, etc... Quand j'ai pris rdv pour les premiers examens au bout d'un an, elle trouvait que c'était trop tôt, que je m'affolais pour rien. Mais quand le gynéco a commencé à parler d'IAC, alors elle a réalisé. Que oui, on avait un soucis, même si on ne savait pas lequel. Et elle a admit que j'avais bien fait d'aller consulter rapidement.

Il faut savoir que ma mère est comme moi : (à moins que ce ne soit l'inverse!) elle aime beaucoup les enfants. Alors au début, elle a continué à me raconter la grossesse de truc, le bébé de machine, la petite fille de chose. Elle ne se rendait pas compte du tout à quel point ça me faisait mal. Jusqu'au jour où je lui ai dit, clairement que c'était trop dur pour moi d'entendre parler d'enfants, que ce n'était plus possible. Elle l'a très bien pris, et depuis a toujours fait attention.

Après ces débuts un peu chaotique, elle est entrée en même temps que nous, de plain pied dans l'infertilité et la PMA. Comme moi, elle a eu sa période de colère, de révolte. Elle a trouvé injuste que ça tombe sur nous, sur moi qui suis tellement faite pour être mère. Et puis, sa période d'espoir, avec les IAC. Toutes les déceptions qui ont suivies, elles les a vécues elle aussi. Elle a toujours tout su dans les détail. Les protocoles compliquées, les galères à la pharmacie, les annonces des autres, les piqûres, les échos intrusives, les amis qui soutiennent, les amis qui déçoivent...

Elle essaie toujours d'être présente sans pour autant m'envahir et j'apprécie vraiment ses efforts. Par exemple, je lui ai passé le bouquin sur la FIV, en lui disant juste que si elle voulait en lire des passages, c'était intéressant, que ça expliquait bien. Et bien dans la semaine elle l'avait lu en entier. Et elle compte le relire. Malgré tout ce que tu me racontes, je ne me rendait pas compte que c'était à ce point là, une FIV. Si compliqué. Si médicalisé. C'est pas anodin quand même...

Elle est un roc (et elle l'a toujours été), un soutien sans faille, et ce n'est que récemment que j'ai réalisé tout ce qu'elle encaissait pour moi. Car elle est en première ligne, juste derrière Chouchou et moi. C'est la personne la plus touchée par nos galères, et même si elle faisait tout pour le cacher, elle aussi ne va pas bien. Elle a fini par me l'avouer.

A son tour, elle vois des poussettes et des bébés partout, dans la rue, dans les pubs, dans les films.
A son tour, elle a de plus en plus de mal à écouter ses sœurs parler de leurs petits enfants.
A son tour, elle ne supporte plus les questions à la noix "Et vous? Toujours pas grand-mère?"

Ce que j'ai ressenti quand elle m'a expliqué tout ça, j'ai du mal à le définir. Un mélange de soulagement (enfin, quelqu'un comprends ce que je vis) et de culpabilité (ne suis-je pas sensée épargner à mes proches cette galère?). Ce n'est pas parce que je suis malheureuse que ma mère doit l'être elle aussi. Et puis après, j'ai réfléchi. Je suis sa fille, c'est normal qu'elle s'investisse et qu'elle ressente ça dans ses tripes. Je réagirais sans doute pareil pour mes propres enfants.

Cependant, ses révélations me font m’interroger. Je savais que ma situation la touchait, mais pas à ce point là. Peut-être en ai-je trop dit? Peut-être ai-je donné trop de détails? Peut-être ai-je trop pleuré au téléphone? Et il y a eu cette fois, cette fois il y a quelques mois, où sous le coup de la tristesse je lui ai avoué une pensée qui m'avait traversé l'esprit. Une pensée furtive. Une pensée folle. Alors que j'étais sur la route, au retour de l'école, je me suis dit que je n'avais qu'à foncer dans l'arbre, là, à côté, et tout serait terminé. Je vous rassure, je ne suis pas suicidaire, et je ne le ferai jamais mais j'étais tellement mal ce jour-là, tellement révoltée. C'était idiot de lui dire et depuis je ne cesse de m'en vouloir. J'ai peur qu'elle ne s'inquiète de trop. Mais peut-on empêcher une mère de s'inquiéter?

En revanche, je crois que je vais lui envoyer un mail pour la rassurer, lui dire qu'elle fait tout ce qu'il faut pour me soutenir. Et pour lui dire merci. Car vraiment, son soutien m'est indispensable en ce moment.

Merci Maman.

21 commentaires:

  1. Ton billet me prend aux tripes...
    Non, on ne peut pas empêcher une mère de s'inquiéter.
    Ta mère est comme la mienne. Elle vit la PMA à nos côtés et se prend elle aussi, en pleine tronche tous nos échecs.
    Ne te culpabilise pas d'en avoir trop dit ou trop fait. Tu as juste fait comme tu pouvais.
    J'espère tellement que nos mères vivront le bonheur de prendre leurs(s) petit(s) enfant(s) dans les bras...

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  2. heu ... je peux pas tout lire ! je vais me mettre a pleurer sinon, j'ai déja plein de larmichettes et de frissons .
    une maman c'est précieux ! et heureusement qu'elles sont la pour nous soutenir.
    Plein de bisous

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  3. Je te lis depuis le bureau et j’ai beaucoup de mal à retenir mes larmes…
    J’aurais pu écrire la même chose, pas tout car chaque couple mère/fille est différent, mais quelque chose de très très approchant oui.
    Vive nos mamans <3

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    1. En effet, vive les mamans! :) Je m'aperçois en lisant des témoignages ici et là que je suis plutôt vernie... (même si elle a aussi ses défauts, hein)

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    2. Bien sûr qu'elles ont des défauts et nous aussi, elles doivent nous en trouver ;)

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    3. Oh oui, et me concernant, pas besoin de chercher beaucoup, lol!!

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  4. C'est important d'avoir le soutien de sa maman, je ne crois pas que tu doives culpabiliser. Elle ne souffrirait probablement pas moins si tu lui taisais certaines choses, ca aurait peut être l'effet inverse. Les gens qui ne parlent pas sont toujours plus inquiétants que les autres.
    La mienne en est encore au stade des maladresse, elle me parle sans cesse de mon neveu qui est si mignon. Je n'arrive pas à lui expliquer qu'elle ne me soutient pas comme je le voudrais. Je suis intéressée de savoir quel livre tu lui as fait lire.
    Bisous.

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    1. C'est le Guide de la Fécondation in vitro. J'ai mis le lien ou j'en parle dans l'article (j'avais oublié).
      En effet, ça pourrait lui être utile, surtout la partie qui parle de ce qu'on ressent, nous infertiles, devant les enfants et femmes enceintes, et aussi la partie sur l'entourage.
      Sinon, essaie de lui expliquer par écrit, c'est plus facile. Moi j'avais envoyé un mail à ma mère, avec des morceaux de l'article ci-dessous:

      http://6cellules.over-blog.com/article-l-infertilite-expliquee-aux-proches-109379283.html

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  5. C'est un précieux trésor, je n'ai pas cette force, cette chance,.Sa réaction est à la hauteur de vos relations tout simplement.C'est bien que tu la rassures.Protège et cultive ce lien il n'est pas dans toute les familles..Bisous

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    1. En effet, je suis consciente que tout le monde n'a pas cette chance. Je me rend compte en lisant des certains blogs que je suis plutôt vernie... (mais ma mère a quand même des défauts, hein)

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  6. Je suis touchée par ton article car ma maman ressemble en tout point à la tienne, elle vit autant la pma que moi j'ai l'impression, les espoirs, les doutes, les échecs, et l'attitude des "autres". On a de la chance d'être si bien entourée même si évidemment nos mamans ne sont pas parfaites loin de là ;-)
    moi aussi j'ai déjà eu cette bête-reflexion de me dire "si je fonçais dans le mur, il n'y aurait plus tous ces problèmes". Mais c'est ridicule, on le sait, mais la souffrance et le manque est si fort qu'on en vient à de telles remarques très furtives. Bisous miss Grib :)

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    1. Ouf, ça me rassure, y'a pas que moi qui me suis dit ça, pour le coup de foncer dans le mur / l'arbre...
      C'est clair qu'on sait qu'on ne le fera pas, mais parfois ça traverse l'esprit...

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  7. Votre relation est belle ! Je ne peux pas comparer car ma maman n'est pas au courant mais j'ai du mal à imaginer qu'elle puisse me soutenir autant... Déjà car on a la distance entre nous et qu'elle a peut de temps à m'accorder...
    Je vous souhaite très vite un joli début de grossesse à partager avec elle, j'imagine déjà à quel point ce sera beau pour vous 2.
    Plein de Bisous !

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    1. Merci beaucoup MadameHiberne... je reste les doigts croisés pour toi!

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  8. C'est un très bel hommage rendu à ta maman.
    La mienne n'est malheureusement plus là depuis longtemps. Et je sens bien toute l'importance de la relation mère-fille dans cette épreuve. Je veux dire qu'au delà du fait qu'elle me manque, la relation que j'ai eue avec ma mère a un impact sur la façon que j'ai de gérer mon désir d'enfant et l'absence de bébé.
    Bises.
    Lily.

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  9. Ton billet m'a beaucoup émue. Je trouve ça tellement chouette que tu puisses être aussi proche de ta mère ! je ne crois pas que tu en dises de trop ... je ne crois pas qu'il faille que tu te taises ... au contraire ... qu'elle se fasse du soucis, oui, je comprends que ça te tracasse, je comprends que ça puisse te faire mal au coeur ... mais c'est "normal". Imagine que quelqu'un que tu aimes ne se tourne pas vers toi pour te confier ses malheurs ... juste parce qu'elle ne veut pas que tu te fasses du soucis pour elle ... ça serait injuste ... elle ne se fait pas du soucis parce que tu lui racontes tes problèmes, mais parce que tu es malheureuse ... c'est une très grande preuve d'amour, ça signifie juste qu'elle t'aime. Et je pense que c'est le rôle des parents de s'inquiéter pour son enfant ... et le jour où tu trouveras ton bonheur, elle sera heureuse avec toi ... finalement, elle est à tes côtés dans cette épreuve et je trouve ça vraiment chouette. Je te souhaite ce bonheur pour très très vite.

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  10. Tu as une maman formidable !!!! C'est rare de lire ce genre de discours dans les blogs PMA...
    Etant maman, si ma fille ou mon fils devait vivre la difficile et douleureuse expérience de la PMA j'aimerais être au courant, justement pour éviter les maladresses, et surtout pour le soutien qu'une mère peut apporter... Une maman aura toujours une oreille pour écouter et une épaule pour consoler la peine de ses enfants et en tant voulu elle sera une super mamie qui réalisera plus que les autres du cadeau d'être mamie!!

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  11. C'est super que ta maman te comprenne et te soutienne sans cette épreuve. Et non, on ne peut pas empêcher une mère de s'inquiéter pour ses enfants, même quand ils sont grands...
    Ma mère aussi est très présente et me soutient beaucoup dans la PMA, même si des fois ça me saoule quand elle me demande si j'ai eu mes règles... (elle croit encore à une grossesse naturelle avant la FIV alors que moi non). Elle non plus ne s'imaginait pas à quel point c'était lourd une FIV (je ne lui ai pas passé le bouquin mais le lien du site internet de mon centre). Et moi aussi des fois je me culpabilise. Qu'à cause de moi elle se fasse du souci. Puis je me dis, comme toi, que j'aimerais un jour partager les soucis de mes enfants, plutôt qu'en être tenue à l'écart.
    Vous avez l'air d'avoir une belle relation... et elle deviendra sans doute encore plus jolie quand tu deviendras toi-même maman (très bientôt j'espère !).
    Des bises.

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  12. Ce billet m a touché je me revois quelques mois en arrière avec ma mère qui comme toi au départ minimisait nos problèmes puis qui se revoltait trouvait la vie mal faite. ..Aujourd'hui c est toujours un soutien sans faille et cette épreuve nous a encore plus rapproché
    Je te souhaite le même dénouement heureux que moi ma juju

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