8ème mois

Le temps a d'abord été mon pire ennemi pendant toutes ces années d'attente. La succession d'anniversaires, de fêtes, me ramenant sans cesse à ma douleur. Et puis, il a semblé s'allonger à l'infini pendant le 1er trimestre de grossesse, j'avais beau cocher les jours, il n'avançait pas. Au fil du 2ème trimestre, il s'est remis à progresser, vitesse normale je dirais. Et depuis mon entrée dans le 3ème trimestre, et surtout depuis que je suis en arrêt, il file à toute allure. A tel point que j'aimerais presque freiner, pour profiter d'avantage de ma grossesse.

Car il m'aura bien fallu 6 mois pour que je me sente réellement enceinte. Pour que j'y crois vraiment. Pour que je commence à savourer. Et tout à coup, je ne suis plus si pressée. Bien sûr, j'ai hâte de découvrir Pâquerette, de pouvoir enfin la serrer contre mon cœur. Mais en même temps, je me dis que je ne vivrais peut-être jamais d'autre grossesse de ma vie, et que dans 2 mois c'est terminé. Alors j'essaie de profiter de chaque petit moment. 

Mon ventre qui restait discret jusqu'au 6ème mois a enfin pris de l’ampleur, et je me sens pleinement habitée par ce petit être, c'est à la fois magnifique et incroyable. Je sens la puce bouger tous les jours, et c'est à chaque fois une fête. Avec l'entrée dans le 8ème mois, son arrivée devient chaque jour un peu plus concrète, et il est temps de terminer les préparatifs, et de commencer à la valise. Je n'en reviens pas. Dans quelques semaines, elle sera là.

Nous avons monté son petit lit à barreau. Installé le matelas à langé. Commandé la poussette. C'est merveilleux de voir la chambre prendre forme, petit à petit. Mais le meilleur, ce sont nos câlins "à trois" sur le canapé. La puce qui gigote sous les mains de son papa. Je fond devant les yeux émerveillés de mon chéri qui communique de plus en plus avec sa fille. J'adore voir naître cette complicité, déjà, entre eux.

Evidemment, tout n'est pas rose. Il y a les rapports avec la belle-mère qui sont loin d'être simples. Nos soucis liés à la banque et à la construction de la maison. Le budget des fêtes qui va fortement être revu à la baisse cette année. Mais tout ceci me parait bien dérisoire quand je pense à la chance que nous avons. Nous allons être parents.

Les fêtes approchent et c'est avec bienveillance que je les vois arriver. Ça ne m'était pas arrivé depuis 4 ans. Je sais que cette année, je ne pleurerai pas le 31, aux douze coups de minuit. Ou alors des larmes de joie.

Mais je penserai très fort à vous toutes, qui êtes encore en plein parcours du combattant. Je vous souhaite tellement le même bonheur.