mardi 3 mars 2015

La fin du cauchemar

La première journée en soins intensifs se passe très mal. Nous sommes dimanche, le personnel est en sous effectif et très occupé. Personne ne nous accueille, personne ne nous explique rien. Mon bébé pleure toute la journée dans sa couveuse, ça me fend le cœur. L’infirmière sensée s'occuper de notre fille n'est jamais là, et absolument pas formée pour m'aider à l'allaiter. Je galère avec tous les fils, et puis la puce n'est pas dans de bonnes conditions : fatiguée, elle s'énerve au sein ou s'endort immédiatement. Pour de multiples raisons, l'entourage débarque à ce moment-là, avec des têtes d'enterrement dont je me serais bien passé. Et nous ne sommes absolument pas dispos pour des visites de courtoisie. Le professeur vient faire un point avec nous et répondre à nos questions. Il nous affirme que la césarienne ne se justifiait pas, et que rien ne laissait présager que notre fille aurait ce type de pathologie, qui est très rare. Nous passons donc la journée à monter pour voir la puce et descendre pour les divers examens ou entrevues avec les médecins. Finalement, Pâquerette ne tète pas de la journée et l'infirmière finit par lui donner un complément de lait artificiel. Le soir, au bord des larmes, à bout de nerf, je suis à deux doigts de laisser tomber l'allaitement. Bref, une journée en enfer.

Heureusement, le lendemain, tout s'arrange. Pâquerette a bien dormi et est d'avantage disponible pour la tétée. Aude, la super infirmière, est de retour. Elle me redonne confiance en moi, et en mon allaitement. Je consacre ma journée à faire téter la puce puis à aller tirer mon lait pour lancer ma montée de lait, qui a pris un peu de retard. Je passe mon temps dans l'ascenseur. J'ai mal à mon épisio et à ma déchirure, mais franchement ce n'est pas ma priorité. Je galope dans les couloirs, pressée de voir ma fille. Le rythme est soutenu, je suis exténuée, mais je donne tout ce que j'ai pour elle. Quand je redescend dans ma chambre pour manger, me doucher, ou me faire examiner, les infirmières m'encouragent toutes à me reposer. Mais la plupart du temps, j'ai à peine le temps d’appeler le papa pour lui donner des nouvelles, de faire quelques textos à l'entourage, d'avaler quelque chose, de faire pipi, et je remonte. Je veux passer le plus de temps possible auprès de mon bébé. Les nuits sont difficiles, comme je dois tirer mon lait régulièrement, c'est difficile de se reposer. Et elle me manque, je n'ai qu'un hâte, être au lendemain matin pour la prendre dans mes bras.

Quelques jours s'écoulent. Je vis au rythme de la néonat, passant mon temps dans cette minuscule chambre surchauffée. J'apprends à changer une couche dans une couveuse. Je me familiarise avec tous ces fils. Au début, on me dit que Pâquerette risque de rester encore un peu de temps hospitalisée, alors je commence à m'informer des solutions pour rester auprès d'elle. Le plus dur reste toutes les misères que le corps médical fait subir à mon si petit bébé. Mais notre fille est forte et courageuse. Son état s'améliore de jours en jours. 

Et un beau matin, beaucoup plus tôt que prévu, on m'annonce que Pâquerette va redescendre avec moi à la maternité. Je n'arrive pas à y croire. C'est comme une seconde naissance. Enfin nous sommes toutes les deux 24h sur 24. Enfin je peux serrer ma fille contre mon coeur dès qu'elle pleure.

Le lendemain, après un dernier examen du pédiatre, on nous autorise à sortir. A sortir! A rentrer chez nous! Nous sommes incrédules. L'état de la puce qui s'était si vite dégradé s'est amélioré de façon tout autant spectaculaire. Elle est totalement hors de danger. 

Vendredi 13 février, enfin nous rentrons à la maison tous les trois. Le passage par la néonat n'aura duré qu'une semaine, mais nous a marqué à vie. Je garderai malgré tout un bon souvenir du personnel médical, vraiment adorable et à l'écoute.

C'est seulement la veille de notre sortie que nous avons eu le fin mot de l'histoire. Les médecins nous ont expliqué que notre bébé avait eu un "hématome sous galéal", une complication rare due à la ventouse. Complication tellement rare que l'obstétricien et la pédiatre, pourtant loin d'être débutants, ne l'avaient jamais croisée! Seul le professeur, 60 ans bien tassé, avait déjà connu un cas similaire. Le risque principal de cette pathologie, c'est que si on ne s'en aperçoit pas, l'hématome continue à grossir et à "pomper" tout le sang du corps du bébé... et l'issue peut être tragique. Heureusement, notre fille a pu être transfusée à temps et aujourd'hui elle est en parfaite santé. On a eu très très peur, a postériori, quand ils nous ont expliqué tout ça. 

J'ai remercié un millier de fois la gentille sage-femme, la seule qui s'est aperçu du problème de notre bébé et a donné l'alerte. Je n'ose pas imaginer ce qui aurait pu se passer si elle n'avait pas été là.

Elle s'appelle Gaëlle.  Je pense que je ne l'oublierai jamais.

14 commentaires:

  1. Contente de lire de si bonnes nouvelles ! profitez bien de votre retour à la maison ! et beaucoup de bonheur à vous !

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  2. Ouf soulagee et vive gaelle vraiment ya des as quon adore apres
    En tout cas profitez de votre paquerette maintenant le pire est derriere jespere qu'elle profite bien ..bises lili

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  3. Tellement heureuse pour vous.
    Bisous à tous les 3. A très bientôt.
    Lire en détail le récit de votre histoire m'a mis les larmes aux yeux. Je suis vraiment navrée que vous ayez dû traverser cette épreuve supplémentaire. Maintenant à vous le bonheur et la belle vie...

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  4. Une histoire qui finit bien ! J'espère que le retour à la maison s'est bien passé et que tu arrives à profiter de ta puce et à te reposer (un rêve ;)) ! La néonat, j'y ai passé 2 mois 1/2, dont 3 semaines en réanimation, c'est une séparation qui marque, mais tu as maintenant toutes tes journées et tout ton amour retenu depuis ces années à lui donner pour panser cet épisode. Des bises !

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  5. Quel cauchemar ça a dû être... je n'ose pas l'imaginer. Heureusement, heureusement, heureusement tout se termine bien... Maintenant que ce terrible épisode est derrière vous, tu peux enfin souffler, et inonder ta puce de baisers.
    Avec les années de PMA et en prime cette naissance difficile, je pense que les petits tracas du quotidien avec un nouveau né te sembleront bien peu de choses!
    Bises à toi et à ta petite poupée

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  6. Bienvenu à la petite pâquerette, je vous souhaite une vie toute douce maintenant :)

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  7. Merci pour tous vos commentaires. :)

    En effet, ça fait relativiser les petits tracas du quotidien avec bébé. Pâquerette va bien et c'est l'essentiel.

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  8. J'ai le coeur serré en lisant tes articles. L'angoisse a dû être terrible. Il ne faut pas penser aux "et si...". Tout va bien désormais, je suis si heureuse pour vous. Profitez, c'est tout. Vivre l'instant présent, il n'y a que ça qui compte. Bisous

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  9. Pfiouu que d'émotions en lisant ton article, j'ai la gorge qui se noue ma belle <3 J'imagine (à peine) ce par quoi vous avez dû passer...
    Tellement contente que tout soit derrière vous aujourd'hui!!Grosses bises!

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  10. Bounty Caramel4 mars 2015 à 18:40

    Quelle épreuve... Vendredi 13 est un porte-bonheur alors ! Et si heureuse que vous soyez ensemble, et qu'une sf (au top prénom ;-)) vous ai soutenu, accompagné, et s'est aperçu de tout cela. J'espère que tout tout va bien désormais... Des bises

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  11. Je revis certains sentiments : marquée à vie, la deuxième naissance, le super personnel en soins intensifs malgré les difficultés pour la mise en place de l'allaitement.
    Si je peux me permettre un conseil, ne minimise pas l'impact de cette experience, n'hésite pas à demander l'aide d'un psy pour détricoter tout ceci. Le contrecoup risque de venir dans quelques mois.
    Je t'embrasse de tout coeur.

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  12. Je regarde toujours très régulièrement tes articles et depuis l'annonce de la naissance de ta petite Pâquerette j'espérais que tout se déroule bien pour toi, pour vous. Quelle histoire tout de même !!!
    J'espère donc à présent que ces trois semaines dans votre chez vous auront été zen et que vous avez pu plus sereinement vous rencontrer. En tous cas, félicitations pour la naissance de votre petite et tout plein de bonheur à vous !

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  13. Vive Gaelle, vive Aude et vive tout le personnel médical qui a sauvé votre petite puce !..
    Très heureuse de lire que tout s'est bien terminé j'imagine l'épreuve que cela a dû être...
    J'espère que vous profitez bien de vos moments tous les trois désormais...

    Gros bisous,

    Alice

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  14. un petit mot jusqu'à vous, j'espère que tout va bien. De gros bisous ma jolie Gribou

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