jeudi 11 juin 2015

Envahisseurs

4 mois déjà pour Pâquerette! Je ne suis plus du tout active sur la blogosphère. J'ai décroché. Par manque de temps, et aussi, peur de blesser.

Comment raconter les premiers rires de notre puce, ses progrès fulgurants, ses gazouillis, ses joues rebondies de hamster, sa bonne odeur de bébé, ses petites mains toutes chaudes et toutes douces dans les nôtres? Comme étaler mon bonheur sans faire mal?

Comment raconter les deux dernières semaines, les nuits blanches, les larmes de ma fille, les miennes de la voir si mal, l'inquiétude, les rdv médicaux à gogo? Comment raconter ces soucis, somme toute assez petits, sans donner l'impression de se plaindre?

Je n'ose pas dire quand ça va, et encore moins quand ça ne va pas. J'ai donc choisi de ne rien dire.

Pourtant, il y aurait à dire. En particulier sur l'entourage un peu trop envahissant, et qui en ce moment me tape sur le système. Je ne parle pas des proches, qui ont toujours été là, même maladroitement, et qui ont leur place dans la vie de notre fille. Mais bien des oncles, tantes et autre cousines que l'on voit habituellement une fois l'année, dans des réunions de famille. Pourquoi des personnes qui comptent si peu pour nous, et nous connaissent si mal, se sentent-ils tout à coup si concernés par l'arrivée de notre enfant? 

J'ai été très étonnée de voir tous les cadeaux que l'on a reçus, par la poste ou par l'intermédiaire de nos parents, de la part de personnes que nous n'appelions jamais, et qui ne nous appelaient jamais. Du coup, politesse oblige, nous avons renvoyé un faire-part, une photo, une invitation. Nous avons reçu un nombre conséquent de personnes depuis 4 mois. Plus que depuis ces trois dernières années réunies je crois! (Il faut croire que le bonheur attire plus que les emmerdes...) Ils veulent tous voir Pâquerette. La toucher. La prendre dans leur bras. Ils veulent tous entrer dans sa vie, et du coup dans la nôtre, comme si ils y avaient la moindre place!

J'avoue que j'ai beaucoup de mal à supporter cet intérêt soudain. Et certaines phrases me hérissent le poil, comme "Ah, depuis le temps qu'on attendait de la voir"! Pardon? Il me semble que c'est nous, ses parents, qui l'avons le plus attendu! L'attente, ils ne savent pas ce que c'est...
Certains se permettent même de donner leur avis. "Ah, là, elle fait une colère!" ou "Tu vas lui donner des caprices." Merci mais nous n'avons besoin de personne pour élever notre fille.

J'ai du mal aussi avec certaines remarques comme "Tu vois, c'est fatigant un bébé." Sans blagues! Tout à coup, parce que je suis devenue mère à mon tour, je suis entrée dans un nouveau cercle, dans lequel il est d'usage de se plaindre de sa grossesse / son bébé, mais parfois je ne m'y sens pas à ma place. Surtout quand une des copines de mon chéri (au courant de tout notre parcours) me serine que la grossesse c'est loooooooooooooong, qu'elle en a maaaaaaaaaaaaaaaarre, et qu'elle se pose des questions comme : Est-ce que c'était le bon moment? Est-ce qu'elle n'a pas fait une bêtise en faisant cet enfant?
"Tu t'es pas posée cette question toi quand tu étais enceinte?" Euh... comment te dire...

Pas un jour ne s'écoule sans que je pense à notre parcours, pourtant tout le monde semble l'avoir oublié, comme si ça n'avait jamais existé. Ça aussi ça m'agace. J'y fais pourtant expressément allusion dans notre faire-part, mais il faut croire que les gens ne savent pas lire. J'ai eu très peu de retours positifs. Une de mes cousines, en lisant mon faire-part ("Après des années de patience, et un gros coup de pouce de la science...") m'a même dit, gênée "Bah t'es con, toi!" Sous entendu, con d'avoir écrit ça. Ça m'a profondément déçue. Les "autres" ne comprendront donc jamais. 

Je ne cache pas notre parcours, j'en suis fière. Et je suis très reconnaissante à la science sans qui je ne serai peut-être jamais devenue maman. 

Et je pense souvent à vous toutes qui attendez votre tour, ne baissez pas les bras, ça vaut le coup.

5 commentaires:

  1. Contente d'avoir de tes nouvelles. En te lisant, je comprends parfaitement ton ressenti mais c'est ainsi . Seuls les gens ayant du tact et de l'empathie nous comprennent. En plus, être montées dans le train culpabilise certaines. Paradoxal et trop dur à expliquer. En tout cas, profite de ta poupée, le temps file trop vite en si belle compagnie. Des bises ! Florence

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    1. Merci Florence,
      J'essaie de profiter de chaque instant, elle grandit si vite!

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  2. Je comprends tout ce que tu écris, pour l'avoir aussi vécu.

    Les gens qui, d'un coup, veulent venir absolument chez toi, t'offrent un cadeau alors que tu ne les as pas vus/entendus depuis X temps ( mais, nous ça a été vite fait... juste un remerciement par téléphone/ la poste, mais point d'invitation... déjà parce qu'on a besoin de se reposer après un accouchement, aussi parce qu'on avait envie de se retrouver "juste nous 3", et enfin parce que je m'applique, depuis la PMA, à ne plus voir les gens si je n'en ai pas envie réellement)...

    L'impression de ne plus trouver sa place.... plus vraiment PMEtte, parce que maman, mais pas une maman comme les autres... Pendant toutes les années de traitements, on se crée une identité, d'une certaine façon, autour de son infertilité. Et d'un coup, nous voilà propulsée dans le monde des mamans... On a l'impression que tout le monde oublie ce par quoi on est passé, et que maintenant "tout va bien, c'est du passé"...alors que pour nous, rien n'est effacé, et du coup c'est une certaine façon une "négation" de ce qui nous fait en tant que personne... et en même temps, petit à petit, sans rien oublier bien sûr, on arrive à se détacher de cette "envie"/ ce besoin de "faire valoir" ce parcours de PMA, et on se construit une nouvelle identité, encore... une identité de maman ex-PMette, et donc "pas tout à fait comme les autres"... mais après tout, y-a-t-il 2 mamans pareilles?! ...

    Et puis les éternelles remarques maladroites/ qui blessent/malvenues... je crois qu'il faut "s'y faire, parce qu'une fois un bébé arrivé, on en aura tout le temps... Ma puce à 17 mois (my God!), et tout le monde continue de vouloir mettre son grain de sel dans notre façon de faire avec elle... L'important est d'arriver à se mettre des œillères, d'arriver à entendre ces remarques, mais sans les écouter, c'est-à-dire sans arriver à leur donner de l'importance.
    L'empathie est une qualité qui se fait rare, et finalement ces gens-là qui ne savent pas en faire preuve ne sont peut-être pas si bien dans leurs baskets que ça... dans ces cas-là, j'essaye de mon côté de leur montrer, aussi bien que possible, que je fais de mon mieux pour être empathique - envers ma poulette ou envers eux!!! - et en général les discussions s'arrêtent là... Par contre, je ne me risque plus à évoquer mes angoisses qui reviennent face à l'attente du 2ème bébé et le probable retour en PMA à l'automne... je sais à qui me confier, et les autres, basta ! :-)

    Bref, désolée pour ce pavé ^^ contente d'avoir eu de tes nouvelles, prends soin de toi et ta poulette, continue de savourer cette vie à 3 :-)
    Bises

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    1. Tu aurais pu écrire mon article à ma place. ;)
      L'impression que la PMA fait partie de mon identité, c'est tout à fait ça.
      Je pense qu'en tant qu'ex-PMettes, on passe plus ou moins par les mêmes étapes.

      Je te souhaite un beau bébé 2, avec ou (de préférence) sans PMA!

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  3. Contente de te lire Gribouillette ! moi je suis enceinte de tout juste 4 mois après des années de galères et 2 FC. Et à chaque rdv chez le gyneco ou echo à passer je suis en panique , que soudain tout s'arrete.Je viens de prendre conscience que je ne serais jamais comme les autres futurs maman " sereine" j'espère juste ne pas infliger trop de stress à mon bébé...j'appréhende déjà ces gens comme tu dis "que tu ne vois jamais quand ca va pas mais soudain sont la quand ca va " mais en lisant tes post , je serais peut etre mieux préparé :-) tout plein de bonheur à vous 3..

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