jeudi 23 novembre 2017

Etat des lieux

Moi
La FIV a épuisé mon corps et mon cœur. Je me sens tout le temps fatiguée, je suis irritable, moins patiente que d'habitude avec Pâquerette. La tristesse ne me quitte pas, ainsi qu'une certaine lassitude. Je n'ai plus aucun courage, pour rien. Je me demande si je ne couve pas une petite déprime. La fausse couche a fait remonter à la surface ma peur de ne jamais voir notre famille au complet. Ainsi que l'amertume, la jalousie. Le bonheur des autres me fait mal aux yeux. Je noie mon chagrin dans le chocolat. Ajouté à tout ce que j'ai grignoté pour tromper le stress de la FIV (et de ce qui a suivi...), ça commence à se répercuter sur la balance. Je ne supporte plus de voir tous ces bourrelets dans le miroir. Et ce petit ventre plein de gras, mais vide de bébé, me renvoie sans cesse à ce que j'ai perdu.

Mon homme
Fidèle a lui même, il extériorise peu, mais je sens que son moral n'est pas au beau fixe non plus. La fausse couche, nos espoirs perdus, l'AVC de son grand-père, ça fait beaucoup à encaisser. Alors, comme il n'exprime pas ses sentiments, c'est son corps qui le fait. Il a mal à peu près partout. Et son problème d'épaule prend des proportions encore jamais atteintes. Je m'inquiète pour lui.

Notre couple
Nous n'avons pas réussi pour le moment à nous retrouver "comme avant". Comme avant la reprise de la PMA. On s'aime, mais la flamme aurait besoin d'être entretenue. Or, on n'a plus de relations intimes depuis des lustres (avant la ponction quoi). On est tous les deux tellement englués dans notre mal être qu'on a du mal à communiquer. On s'occupe du quotidien, de Pâquerette, de la maison, le soir on s'évade devant des séries pour oublier tous nos problèmes. Et on se parle de moins en moins. 

Ma fille
Pâquerette a de nouveau le genou enflé, et c'est de loin ce qui nous mine le plus le moral. Pour l'instant, elle n'est pas encore trop gênée dans ses mouvements, rien à voir avec la crise de septembre, mais elle se plaint régulièrement. Elle a dû repasser une échographie, et nous avons repris rendez-vous avec la rhumatologue pour début décembre. On craint le début d'une récidive d’arthrite, à peine deux mois après sa première infiltration. Le produit étant censé durer plusieurs mois, on pensait être tranquilles un petit moment, mais non. La maladie est déjà de retour. Ça me rend folle de savoir que ma fille va encore devoir subir des misères à l’hôpital, et que ce n'est que le début. Je suis en colère, j'ai envie de hurler ma haine à la terre entière. De dire à tous les parents qui se plaignent de se la fermer, car leur enfant est en bonne santé. Notre petite Pâquerette avait déjà tellement morflé. La vie est injuste. C'est pas nouveau, mais autant j'avais à peu près réussi à l'accepter pour moi, quand ça concerne son enfant c'est pas pareil. Je n’accepte pas.

Le boulot
OK, le boulot passe bien après ma vie de famille, mais il n'empêche que mon métier fait partie de moi. De mon équilibre. Et fort est de constater que cette année scolaire est la pire que j'ai jamais vécue. D'abord parce que j'ai une classe ignoble, et plusieurs élèves incontrôlables qui me poussent à bout. Ensuite parce que j'ai passé plus de temps en arrêt de travail qu'à l'école. Du coup, malgré mes efforts, je n'ai pas réussi à imposer mon autorité, à installer une routine de travail, un cadre sécurisant pour ces élèves qui en ont tellement besoin. Et pour la première fois en sept ans d'enseignement j'ai vraiment l'impression de mal faire mon boulot.

Et en parlant d’arrêt de travail, ils vont rétablir le jour de carence pour les fonctionnaire. Joie. Rien qu'avec mes 3 arrêts depuis octobre, j'aurais perdu 150€ (et c'est pas comme si on roulait sur l'or...). La double peine quoi. Non seulement tu te tapes des traitements lourds, mais en plus tu paies. T'avais qu'à faire des gosses dans un lit comme tout le monde! Et la colère, à nouveau, qui s'empare de moi. 

Alors oui, je me lève le matin, j'avance, je souris. Je tiens pour ma fille. Mais au fond, je suis à bout. Rien ne va dans notre vie en ce moment, rien. Alors j'espère que cette satané roue va tourner...

9 commentaires:

  1. pas facile de commenter ... de peur de blesser, de ne pas dire ce qu'il faut ... tant pis je risque d'être maladroite... mais la roue va tourner, ne lâchez rien, essayez de prendre soins de vous et votre petiote au mieux que vous le pouvez ... soyez indulgents l'un envers l'autre et envers vous même... le moral reviendra et vous serez de nouveau des parents plus joyeux et des amants plus complices. Je te souhaite le meilleur.

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    1. Merci beaucoup pour ton commentaire qui me fait chaud en coeur. J'espère effectivement que la roue va bientôt tourner. Mais je redoute un peu les fêtes et surtout les voeux de "bonne année et bonne santé". Ici la santé, n'est clairement pas bonne, pour personne...

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  2. Et j'en profite pour remercier l'anonyme qui m'a également écrit un gentil commentaire, visible dans mes mails mais pas sur le blog, j'ignore pourquoi... la personne l'a peut-être effacé?

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    1. Bonsoir gribouillette, je pense que l'anonyme dont le commentaire n'est pas apparu c'était moi, je suis contente qu'il te soit parvenu tout de même. Je suis Lily (nous sommes plusieurs avec ce pseudo) je suis née le même jour que toi, je t'avais souhaité un joyeux anniversaire il y a 2 ans, juste avant que je ne parvienne (enfin!) à être enceinte (minipuce a 17 mois maintenant). Je continue à suivre ton blog même si le parcours pma est derrière moi maintenant. J'espère que tu remontes la pente ces jours-ci, vous méritez des jours meilleurs. Bises, lily

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  3. Bonjour Gribouillette,

    Je suis ton blog depuis quelques temps déjà et je crois même avoir déjà laissé un message sous l'un de tes post (ou bien, j'ai pensé à le faire et ai finalement renoncé, je ne sais plus). Ton expérience me fait un peu penser à la mienne, d'où mon message pour te soutenir et, qui sait, t'aider peut-être à te sentir un peu moins isolée face à ce que tu dois endurer. J'ai l'impression de comprendre au moins en partie ce que tu vis, même si nos histoires sont évidemment différentes...

    Voilà mon parcours :
    - début des essais bébé en juillet 2012. Rien ne vient donc je consulte un gynéco spécialisé en infertilité. On passe différents tests. Tout est "normal", mais toujours rien, donc on finit par faire 2 IAC infructueuses, puis on passe aux FIV.
    - 1ère FIV : 1er transfert de 2 embryons, aucun ne s'accroche... dur dur ; 2ème transfert de 2 embryons, idem ; 3ème transfert d'1 embryon, idem. No comment.
    - Avant de passer à la 2nde FIV, je fais un autre examen (hystéroscopie + biopsie), qui pour faire simple fait suspecter à mon gynéco une infection de l'utérus (qui pourrait enfin expliquer nos soucis de conception !), donc toutes les FIV et transferts suivants se feront sous antibiotiques.
    - 2nde FIV : 1er transfert de 2 embryons, échec ; 2ème transfert de 2 embryons... et un merveilleux ++++ à la clé ! 1 des 2 embryons a réussi à s'accrocher. Début de grossesse compliqué avec beaucoup de saignements, puis un mauvais tri-test (1/99 de risque de trisomie), mais au final à 5 mois de grossesse tout est ok et notre fils naît en février 2016, en parfaite santé ! Quel bonheur !!! 2016 aura vraiment été une merveilleuse année pour moi, avec la naissance de notre fils mais aussi un nouveau boulot pour moi (celui dont je rêvais !).
    - petit coup de massue tout de même à la naissance : notre fils naît avec un angiome plan (tâche de vin) assez vaste, sur une partie de la tempe, de la joue, de l'oreille et du crâne. Qu'importe, nous trouvons que notre fils est le plus beau :-). Nous entendons cependant parler d'un traitement au laser qui pourrait atténuer l'angiome. On décide de tenter. Notre fils a déjà fait 3 séances (pas drôles du tout) et la tâche a commencé à s'atténuer. Mais, il y en aura sans doute beaucoup d'autres à faire... On aurait préféré lui éviter tout cela, mais on nous a conseillé de prendre le taureau par les cornes au plus vite (pour de meilleurs résultats) plutôt que de laisser le choix à notre fils de faire ou non le traitement quand il aura la capacité de s'exprimer à ce sujet.
    - autres choses : l'accouchement s'est fait par césarienne en urgence, pas de chance ! De plus, on se rend compte 8 semaines après l'accouchement qu'il reste du placenta dans mon utérus donc je suis obligée de faire un curetage. J'encaisse en me disant, une fois de plus, qu'il y a pire dans la vie. Nous avons tellement de chance d'être enfin parents !

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  4. (suite)
    - mars 2017 : il nous reste 1 embryon congelé. On décide de faire un transfert et, jolie surprise, ça marche ! Date d'accouchement prévue le 24 décembre 2017 ! Mais, très rapidement, les choses se compliquent à nouveau : les saignements font rapidement leur retour. Les échos de contrôle s’enchaînent pendant plusieurs semaines (écho plutôt rassurantes, malgré les saignements qui persistent), jusqu'aux 10 SA... le coeur s'est arrêté 2/3 jours avant. Tout s'écroule ! Je fais un curetage. Mais, le sort s'acharne : il reste du placenta, malgré le curetage ! Et, il faudra plusieurs semaines, de multiples rdv chez le gynéco et traitements pour qu'on puisse enfin tourner la page de cette fausse-couche.
    - je prends la décision (mon mari me soutient), dès la fausse-couche, de mettre un terme à nos essais de 2nd bébé : comment pourrais-je surmonter d'autres échecs et/ou éventuelles fausses-couches ? Et puis, notre fils, lui, est là. Je préfère me concentrer sur lui ! On me dit de réfléchir, mais sur le coup je suis convaincue de ne pas revenir sur cette décision.
    - au même moment, je dois également faire face à un autre très gros coup dur (la loi des séries, dont tu parles !) : quelques jours avant l'écho qui annonce la fin de ma grossesse, ma maman est hospitalisée d'urgence. On apprendra quelques semaines plus tard qu'elle a un cancer du cerveau qui l'emportera bientôt. Après 2016 et son lot de merveilleuses nouvelles, 2017 s'annonce comme la pire des années !
    - cet été, je finis par prendre un peu de recul par rapport à la fausse-couche et on décide, avec mon mari, de faire une ultime tentative.

    Actuellement, je suis en plein traitement et la ponction pourrait avoir lieu mi-décembre... Affaire à suivre, donc ! On espère évidemment que ça marchera, mais on ne se met pas la pression non plus. Comme tu le dis sur ton blog, faire une FIV en ayant un enfant n'a rien à voir avec une FIV sans enfant : l'enjeu n'est évidemment pas le même. Au final, aujourd'hui, j'ai moins peur de l'échec de la FIV et des transferts qui vont suivre que d'une grossesse qui commencerait mais qui n'aboutirait pas. J'ai tellement peur de revivre le cauchemar que l'on a vécu il y a 6 mois ! J'ai l'impression d’enchaîner les mauvaises nouvelles et que les choses ne se passent jamais simplement pour nous, alors que c'est tellement facile pour d'autres ! Mais, d'une part, je sais que certaines ont des parcours encore plus difficiles que le mien ; d'autre part, j'ai conscience d'avoir la chance d'avoir déjà un enfant !!!

    Bref Gribouillette, ce que tu vis, j'ai l'impression de le vivre un peu moi aussi... Désolée, je ne pensais pas écrire un tel "roman" ! Je te souhaite beaucoup de courage. Soyez forts !!! Plein de courage aussi à "Pâquerette", qui n'est pas ménagée elle non plus...

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    1. Merci pour ton long message Biloulou. Effectivement, tu as eu ta dose, toi aussi. Je suis vraiment désolée pour ta maman, toutes mes condoléances. Tout à fait la même impression ici d’enchaîner les mauvaises nouvelles alors que pour les autres, tout semble si facile...
      J'espère que cette FIV sera la bonne, je croise les doigts.

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  5. Oh ma chère Gribou....Comme je suis mal de te savoir si triste et épuisée ! J'aimerais tellement faire quelque chose, j'ai peur que mes mots ne soient pas assez réconfortants, que le virtuel trouve toutes ses limites et que ça ne panse aucune de tes blessures.
    Je voudrais que tu saches que je suis là, que je ne te lâche pas, et j'imagine combien c'est dur de porter tout ces fardeaux et ces plaies au coeur.
    Préservez-vous autant que possible, le couple avant tout, ça reviendra, vous vous aimez et je pense qu'il faut laisser du temps au temps. Si les relations intimes ne reviennent pas de suite, au moins communiquer, verbaliser pour mieux vous soutenir l'un l'autre. Je ne veux pas m'immiscer en quoi que ce soit, mais c'est ce qui nous a sauvé plus d'une fois... .
    Courage pour ta petite puce aussi, elle n'est pas épargnée petite chérie. J'espère qu'il y aura quelque chose pour la soulager réellement, c'est quand même dingue que l'infiltration soit aussi peu efficace !
    Bon...tiens nous au courant surtout, je m'inquiète pour toi. Bisous doux

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    1. Merci pour ton message de soutien, qui me fait chaud au coeur. Le moral va un peu mieux, alors je vais aller donner quelques petites nouvelles.

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