Comment on fait les bébés?

Pour faire un bébé, il faut :

Passer son temps au téléphone. D'abord, pour prendre les rdv indispensables. Au centre PMA. Au labo pour les prises de sang. Au cabinet de radiologie pour les échographies. A l'infirmière qui doit venir te piquer. Chez l’acupunctrice et chez l'ostéo. Ecouter des dizaines de messages d'accueil, patienter des tonnes de minutes avec une petite musique énervante, réexpliquer mille fois son cas. Puis, une fois que tous les rdv sont pris, passer du temps au téléphone, encore, pour prévenir son employeur de son retard / absence / arrêt de travail. 

Faire de la paperasse. D'abord, fournir tout un tas de documents pour monter ton dossier à l’hôpital. Aller faire des photos d'identité. Un certificat de vie commune. Remplir des papiers. Consentement à l'IAC. A la FIV. A la congélation des embryons. Remplir les papiers de sécu. De mutuelle. Passer encore son temps au téléphone parce que la caisse primaire d'assurance maladie a perdu le 100% de ton chéri. 

Faire des listes et des plannings pour organiser tous les rdv que tu as pris, ainsi que la prise des traitements. Te rendre compte qu'en fait tu passes ta vie à planifier ton IAC / ta FIV. Te rendre compte que, malgré toi, tu as un emploi du temps de ministre. Avoir peur d'oublier quelque chose. Anticiper. Se rendre compte que la soirée du 12 ne va pas être compatible avec la piqure de Gonal. Ne pas oublier de décaler l'heure de la piqure. Ne pas oublier de se piquer tout court. Mettre des alarmes dans ton portable pour penser à ta piqûre. 

Fréquenter assidûment la pharmacie du coin. Aller commander les produits pour ta prochaine FIV. Aller les récupérer. Y retourner car il te manque les aiguilles et les seringues. Y retourner car ta stim dure plus longtemps que prévu et tu n'as plus assez de produits. Y retourner parce qu'avec tout ça tu es sur les rotule et tu t'es chopée un rhume. C'est le pharmacien qui se frotte les mains quand tu arrives... 

Faire des kilomètres. Pour rejoindre le centre PMA. Pour te rendre à tes échos, tes prises de sang, tes rdv acupuncture ou ostéo. (Ne rayer aucune mention inutile). Tomber dans un embouteillage. Stresser de ne pas arriver à l'heure. Te promettre de partir encore plus tôt la prochaine fois. Et si on prenait carrément une chambre d’hôtel le jour de la ponction? On serait sur place.

Dépenser des sous. En carburant. Autoroute. Vitamines. Consultations d'acupuncture non remboursées. Idem pour l'ostéo. Avancer des frais à la PMA puisque ces andouilles de la sécu ont perdu le 100%. Avoir un jour de carence à cause de son arrêt de maladie. Et encore on n'a pas à se plaindre, on est bien remboursés en France. Dépenser deux fois plus en fringues et chocolats. Pour se consoler. 

Faire la queue. Patienter. A la pharmacie bien sûr, mais aussi et surtout à la PMA. D'abord à l'accueil pour obtenir les étiquettes. Puis dans la salle d'attente. Puis dans l'autre salle d'attente. Passer beaucoup trop de temps à l’hôpital. Attendre, encore et encore.

Concilier tout ça avec son boulot. Envoyer des demandes d'autorisation d'absence. Des arrêts maladie. Demander sa matinée seulement et speeder sur la route pour arriver à 13h30 à l'école. Prendre la classe au pied levé, en ayant encore la tête dans la PMA. Négocier avec la collègue pour échanger son service de récré. Passer sa pause au téléphone avec la PMA. Ne pas avoir une minute pour se poser. 

Et puis, accessoirement. Te piquer à heure fixes, enchainer les échos et les prises de sang. Te faire hospitaliser pour une ponction sans anesthésie. Souffrir. Écarter à nouveau les cuisses pour le transfert. Espérer. Tomber de haut. Pleurer. Et tout recommencer.

Voilà comment on fait les bébés.

(Ah, on me souffle que les autres ne font pas comme ça. Ah bon? Mais comment ils font, eux?)