samedi 18 février 2012

Entre douleur et espoir

Elle arrive souvent le soir. Parfois parce que j'ai approché de trop près un bébé, une femme enceinte où même l'idée d'un bébé, l'idée d'être enceinte. Parfois sans raison apparente, comme ça, sans que je m'y attende. Mais quand elle est installée, il est difficile de la déloger. Cette sensation floue et inexplicable, qui s'installe dans mes entrailles, me noue l'estomac et me sers le cœur. Elle m'oppresse, elle m’étouffe presque. Elle est à la fois douleur et espoir. Douceur et colère. Espérance et impatience. Cette envie irrépressible de tenir un bébé dans mes bras, de le sentir se lover contre moi. Ce besoin de donner de l'amour qui déborde. Cette sensation, qui m’envahit, m'enveloppe même, au point qu'elle en est presque palpable. Qui me rend ultra sensible, à fleur de peau, et difficile à comprendre pour mon chéri. 

Et qui me fait pleurer...
devant une pub pour le lait maternisé
devant une série où la fille tombe enceinte sans l'avoir prévu
devant un forum d'essayeuses, quand une copine annonce que son test est positif

Et qui me donne envie de me cacher dans mon lit, et de me morfondre sur mon sort, de pleurer encore et encore.

Après avoir sangloté tout mon soûl, je deviens grincheuse, râleuse, de mauvaise humeur pour un rien. C'est la deuxième phase. J'en veux à la terre entière, aux autres filles qui font des bébés comme ça, en claquant des doigts, à mère nature, à la cigogne... J'ai envie de casser quelque chose, de cogner quelqu'un, j'ai comme des pulsions de violence, que je ne concrétise pas évidemment, à part en boxant mon oreiller! Je suis désagréable avec mon chéri, qui n'y peut rien le pauvre, on se dispute, et ça ajoute encore à mon malaise.

Et puis, les heures, les jours passent. Je me reprends. Je retrouve l'espoir. On ne pourra peut-être pas avoir un bébé couette? La belle affaire! Il y a maintenant tout un tas de moyens pour nous y aider. Et puis, nous ne serons ni les premiers ni les derniers. Qu'importe s'il faut en passer par une batterie d'examen et de gestes médicaux. Les autres filles, elles sont fortes, elles. Elles sont courageuses. Elles ne se laissent pas submerger par leurs émotions. C'est ça, il faut que je soit forte. Je serai enceinte un jour. Je ne sais pas encore quand, mais un jour c'est sûr, je serai maman. Je l'aurai, mon bébé. Je parviens alors à faire bonne figure, à sourire, à rire, me détendre.
Je positive.

Jusqu'à la prochaine pub pour du lait maternisé.

Et tout sera à recommencer...

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