jeudi 3 mai 2018

STOP

J'ai craqué.

Je savais que ça allait arriver, c'était inévitable. Depuis septembre, j'essaie de maintenir la barque à flot, de ne pas couler, mais je n'y arrive plus.

J'ai cru avoir touché le fond début mars, quand je me suis effondrée en pleurs en salle des maîtres. C'était le lendemain de ma prise de sang négative pour le TEC 1, et mes élèves, déjà gratinés, avaient été plus ignobles que jamais (je pense qu'ils ont des antennes...). Mes collègues, vraiment sympas, ont réussi à trouver une organisation qui me permet de me libérer de la moitié de la classe quelques heures par semaine. Une bouffée d'air, au moins côté boulot.

Seulement côté perso, les soucis ont continué d'affluer. Surtout, la maladie de notre petite Pâquerette a recommencé à se manifester. Sur de nouvelles articulations cette fois-ci. Retour à l’hôpital. Retour de la boule au ventre en permanence. La rhumatologue a décidé de mettre notre fille sous Méthotrexate, un traitement assez fort, qui nécessite une surveillance attentive. J'ai eu du mal à accepter que ma puce de 3 ans prenne un tel médicament, surtout quand j'ai lu la liste des effets secondaires. Mais pour le bien de Pâquerette, nous n'avions pas le choix. Va pour le médicament.

Sauf que pour l'instant, il ne fait pas effet (ça peut prendre plusieurs mois) et que depuis 15 jours Pâquerette fait une très grosse poussée d'arthrite. Notre poulette si joyeuse et souriante, est soudain devenue fatiguée en permanence. Comme éteinte. Au début j'ai mis ça sur le compte de sa rhinite et conjonctivite (elle les enchaîne depuis un mois, on espère que c'est pas à cause du médicament qui peut jouer sur l'immunité...). Puis je me suis aperçue que sa cheville était gonflée. Et, rapidement, les douleurs sont arrivées. Au coude, aux poignets, aux chevilles... jusqu'à l'empêcher de s'endormir. 

Je crois que n'y a rien de pire que de voir son enfant souffrir. On se sent tellement impuissant. Je suis tout le temps sur mes gardes, je redoute à chaque instant qu'elle me dise qu'elle a mal. J'essaie de faire bonne figure pour elle mais à chaque douleur, je pleure à l'intérieur... 

Heureusement, l'Advil a fait effet en quelques jours, et Pâquerette a recommencé à chanter à tue-tête et à trottiner dans toute la maison... mais elle se plaint toujours de douleurs, au réveil, et régulièrement au cours de la journée. Et puis, l'Advil, c'est un traitement d'appoint. Elle ne pourra pas le prendre en permanence. Et après?

L'incertitude quant à l'avenir est difficile à vivre. Le Méthotrexate va-t-il fonctionner ou faudra-t-il passer à un autre traitement, encore plus fort? La maladie finira-t-elle par entrer en rémission? Notre fille souffrira-t-elle toute sa vie? C'est terrible de se poser sans cesse ce genre de questions.

Malgré cette inquiétude omniprésente, je me lève, je m'occupe de ma poulette, je vais au boulot, je gère mes rdv pour TEC 2, les aller/retour à l’hôpital, pour elle, pour moi, mes absences à justifier au boulot, mes médicaments, ses médicaments, et le tout avec le sourire. Bref, je gère. 

Enfin, je gérais.

Jusqu'au moment où mon corps a dit STOP. Samedi, je me suis levée extrêmement faible, mal au crâne, la nausée. Au bout de quelques heures, inquiète, je débarquais chez le généraliste. Qui m'a annoncé que mon cœur battait à 145 et que si je ne me calmais pas, c'était les urgences direct.

Cet événement m'a soudain ouvert les yeux. Je suis à bout de nerf, épuisée, au bord du burn-out. Je ne peux plus continuer comme ça. Je suis la seule de la famille a avoir à peu près la santé, je ne peux pas me rendre malade. Mon homme et ma fille comptent sur moi. 

Alors pour la première fois de ma vie, j'ai réclamé "une pause" à la gynéco. Je ne suis pas Wonder Woman. Je ne peux pas tout gérer. Retirer la PMA du jeu, ça fera déjà moins de médicaments, moins d'absences au boulot, moins de route, moins de fatigue, et moins de stress. Ça n'a pas été facile car malgré tout, je rêve tellement d'une bonne nouvelle, qui apporte un peu de positif dans notre vie. Mais en ce moment, dans ces conditions, c'est juste impossible. En sortant de l’hôpital, j'ai déjà ressenti un immense soulagement. J'ai su que j'avais pris la bonne décision.

Ma fille est ma priorité absolue. Et elle a besoin d'une maman en forme. Alors je vais essayer de souffler. De prendre du temps pour moi. De prendre soin de moi.

Pour pouvoir prendre soin d'elle.

10 commentaires:

  1. Prendre du recul par rapport à la PMA sera surement positif mais n'hésite pas également à prendre du recul par rapport au boulot et à te faire arrêter quelques temps si besoin. Courage pour toi, Pâquerette et son papa.

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    1. Merci pour ton commentaire. Ma généraliste m'a arrêtée pour 3 semaines, une bouffée d'oxygène!

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  2. C'est dur, effectivement, de voir son enfant souffrir. Je compatis vraiment!
    J'espère que vous trouverez une solution pour elle.
    Et pour toi, n'attends pas de craquer pour faire signe à la médecine du travail et te faire arrêter si besoin.

    Banane

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    1. Merci Banane.
      Ayé je suis en arrêt, et ça fait du bien.

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  3. courage ! ... je trouve que c'est déjà dur de concilier travail, vie de famille et pma ... alors quand son enfant souffre en plus ... si vous avez la possibilité de lever le pied au boulot ... n'attendez pas ! Je vous souhaite de retrouver le sourire très vite. C

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  4. Je pense en effet que tu as pris la meilleure décision pour ta famille et toi. Se consacrer à son enfant bien présent plutôt que s'épuiser pour un deuxième hypothétique, même si bien entendu cela reste un projet et que je vous souhaite de tout coeur qu'un deuxième petit bout vienne enchanter votre foyer !
    Prends bien soin de toi Gribou, et j'envoie plein de bisous à ta petite puce !! <3

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    1. Merci Titpouce. Je me consacrais déjà à 100% à Pâquerette... physiquement. Mais au fond de ma tête, la PMA n'étais jamais loin...
      Depuis que j'ai arrêté, je me sens libérée, soulagée...

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  5. Coucou ma belle. Tu aurais 1 mail pour que je t écrive ? Pleins de bisous

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    1. Merci pour ta proposition Zelda. <3 Je me rappelle maintenant de la maladie qui te faisait souffrir...
      Ça serait avec plaisir, malheureusement mon mail est de type prénom.nom alors je ne me vois pas le mettre dans les commentaires.
      Peux-tu me donner le tien?
      Ou alors, je me créé une boite mail "anonyme", y'a longtemps que je veux le faire de toute façon...

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