mercredi 13 novembre 2019

Je lui ai dit

Ça fait longtemps que je voulais lui dire.

Mais jusqu'à présent, ça me semblait si compliqué. Je me disais que c'était des problèmes d'adultes, que ma fille était encore petite, qu'il fallait la préserver de ça. J'avais peur qu'elle se projette, qu'elle soit déçue. Connaissant son côté angoissé, je craignais qu'elle s'inquiète pour maman. Je ne voulais pas ajouter ces préoccupations à son parcours médical. Je redoutais ses questions aussi, et la manière dont j'allais les gérer moi, sans flancher. 

Je savais pourtant qu'elle était tout à fait capable de comprendre, et ce depuis un moment. Elle est tellement mûre pour son âge (4 ans trois quart...). Mais je me faisais une montagne de cette annonce.

Et puis, tout à coup, j'ai su que c'était le moment de lui dire la vérité. Avec ses antennes, elle sentait que quelque chose se tramait. Elle s'endormait mal depuis que j'ai commencé le suivi à la PMA et s’inquiétait de ne pas me voir le lendemain matin. Son père a essuyé plusieurs réveils en pleurs cette semaine, car elle n'avait pas pu me faire un bisou avant que je parte. Ajoutez à ça les questions de plus en plus précises, qui m’obligeaient à inventer des bobards... Nous sommes très fusionnelles toutes les deux, et en temps normal, je lui explique toujours tout, je ne lui mens jamais. Et je ne supportais plus de le faire.

Je lui ai dit, tout simplement, sans tambours ni trompettes. "Les docteurs essaient de faire pousser des graines dans mon ventre, pour, peut-être, réussir à fabriquer un bébé." Son visage c'est illuminé. "Un vrai bébé?" J'ai tout de suite précisé qu'on essayait, que ça ne marchait pas tout le temps, qu'il n'y aurait peut-être pas de bébé. "C'est pas grave, on ira en adopter un, comme M." J'ai préféré être claire en lui disant d'emblée que ça serait impossible pour nous. 

Donc voilà, elle sait. Elle sait que vendredi les docteurs vont prendre les graines de maman et celles de papa. Qu'ils vont les mettre ensemble pour faire un œuf et que s'il y a un œuf, ils le remettront dans mon ventre. Et que, peut-être, s'il s'accroche, ça fera un bébé. 

Elle n'avait pas l'air inquiète, et passé sa première réaction plutôt enthousiaste, elle ne m'en a plus parlé. Donc elle n'a pas l'air de se projeter plus que ça... tant mieux, c'est ce que je redoutais. Quant à moi, je me sens infiniment soulagée. Apaisée. Ne plus avoir à lui mentir me retire un poids immense. 

Ponction, me voilà!

4 commentaires:

  1. On est tous les 3 avec vous. On espère fort pour vous.
    Elle est tellement "grande" votre petite fille, un amour. On parle très souvent d'elle.
    Forcément, j'aime beaucoup le passage où elle dit "on ira en adopter un..."
    Des bisous à vous 3.

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    1. Merci Boupe. ;) Tu devines aisément qui est cette M. dont Pâquerette m'a parlé... c'est toi bien sûr! ;)

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  2. Je pense que tu as bien fait ! Les enfants ont des antennes de toute façon alors mieux dire la vérité ! Je croise fort tout ce que je peux

    Mimo

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