lundi 11 juin 2012

Faire le deuil

Pourquoi est-ce si difficile de lâcher prise? Parce qu'il s'agit de renoncer à quelque chose d'important pour nous. "Pour lâcher prise, nous devons accepter de faire le deuil de quelque chose auquel nous tenons." J'ai donc commencé à y réfléchir, et à lister, toujours dans mon petit carnet spécial "lâcher prise", les deuils que je devait faire pour avancer.

Je dois faire le deuil, tous les jours, de ce bébé qui n'est pas là. Réprimer au quotidien cet instinct maternel qui ne demande qu'à s'exprimer. D'une certaine façon, je porte le deuil de ce bébé invisible, de cet enfant qui n'arrive pas.

Je dois aussi renoncer à l'idée d'avoir un bébé à l'âge que je voulais. Que nous voulions. A savoir très jeunes. Je respecte tout à fait le choix de faire des enfants à la trentaine (et je sais qu'on n'a parfois pas le choix) mais me concernant, il était hors de question de faire mon premier enfant à 30 ans, sachant que j'en voulais trois, dans l'idéal. Quand j'ai arrêté ma pilule, j'avais 24 ans, chéri 25. Or, à la fin du mois, il fêtera ses 27 ans, et moi je prends 26 ans en septembre. Je sais bien que nous sommes jeunes, mais ce bébé, nous le voulions plus jeunes encore. 

Je dois faire le deuil aussi d'une certaine forme d'insouciance. L'insouciance des début des essais bébé, je l'ai perdue il y a longtemps. L'insouciance de la grossesse, je ne la vivrais sans doute pas, trop consciente du miracle et de sa fragilité, du fait que tout peut s'arrêter, à tout moment. Je l'ai trop vécu à travers mes copines de galère pour ne pas y penser. 

Et le plus difficile, je crois, c'est de faire le deuil de la fille que j'étais avant. Je suis toujours la même, et pourtant si différente. Cette épreuve m'a changée en profondeur. J'étais une fille joyeuse et positive, je suis devenue aigrie et envieuse du bonheur des autres. Pas définitivement j'espère...

Quant au deuil du bébé couette, j'espère n'avoir jamais à le faire, même si je m'y prépare...

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