lundi 25 mars 2013

Double peine

Parfois, quand je vois les autres nager dans le bonheur (oui, je sais, personne ne nage dans le bonheur, c'est une illusion, pis des soucis, tout le monde en a, et même des plus gros que l'infertilité d'abord.) 
Il n'empêche, les autres donnent l'impression de nager dans le bonheur, alors que nous on se débat en eaux troubles. 

Les jeunes couples de notre âge (oui, j'ai l'audace de croire qu'on est encore jeunes!), soit ils n'ont pas encore d'enfants et ils (selon l'expression consacrée) "profitent de la vie" (je déteste cette expression genre après quand t'as des enfants, ta vie s'arrête quoi) soit ils ont des enfants et s'épanouissent en tant que parents.

Mais nous, on n'entre dans aucune des cases. On essaie depuis plus de 2 ans, d'accéder à la case "parents épanouis", en vain. Du coup, on est condamnés à rester contre notre gré dans la catégorie "jeune couple qui profite de la vie". Sauf que ça ne nous correspond plus vraiment. Pour continuer la métaphore aquatique, on est entre deux eaux : non seulement on ne peut pas avoir d'enfant, alors que c'est notre voeu le plus cher, mais en plus on ne profite plus vraiment de la vie. C'est la double peine.

Entre le parcours médicalisé, les coups de déprime et la sexualité en stand-by, la vie de couple en prend un sacré coup. C'est plus comme avant, quand on était libres, insouciants. En plus, on ne peut plus se projeter, on est suspendus à cette attente de miracle, duquel dépend toutes nos décisions. Ah non, cette année, je ne m'inscris pas au cours de step, c'est trop violent, si jamais je tombe enceinte. Ah non, mieux vaut éviter de faire 800 bornes pour aller dans le sud cet été, on sait jamais, tant pis on ira à Royan. Ah non chéri, il fait un temps superbe, mais je vais pas faire du vélo avec toi, je suis à 7 jours post IAC, on sait jamais. Etc etc etc. On s'interdit de vivre. Je m'interdis de vivre en tout cas. De vivre pleinement. Bien sûr, il y a de bons moments, des jours ensoleillés. Mais l'ombre est toujours là, tapie dans un petit coin...

Comment vous faites, vous? Vous arrivez à "profiter" malgré tout?

20 commentaires:

  1. Tu sais, pour ma part, j'ai l'impression d'avoir deux moi. Une qui a mal en permanence, cette petite souffrance lancinante qui te prends dès le matin, puis que tu oublies un peu, mais qui se rappelle à toi quand tu croises des petiots ou des femmes enceintes... Et l'autre, qui vit sa vie, comme ne pense pas aux enfants, parce qu'elle ne sait pas quand ils viendront. Tant pis, je fais tout comme s'ils n'arriveront pas de sitôt, le boulot, les voyages... Parce que sinon, comme tu dis si justement, c'est double peine. Et je me dis que si je dois annuler un truc ou changer de chemin parce qu'un enfant arrive, je serais juste tellement heureuse que l'annulation sera bien secondaire. Mais au moins, si il ne vient pas encore, je n'aurais pas de regrets d'avoir prévu autre chose. Je conjure le sort en ne changeant pas trop mes plans. J'avoue que à part les contraintes liées à la PMA, j'essaie de ne pas changer ma vie.

    De même, tu as bien raison, avoir des enfants n’empêche surement pas de profiter de la vie. Mais il n'empêche que quand on aura des enfants, il y a des choses qui seront différentes. Pour n'en citer que des sans importance : grass' mat le dimanche, sorties imprévues, ballades main dans la main avec ton mari sans trimballer poussette etc, we au dernier moment... Et je donnerais tout ça pour avoir un enfant, sans aucun doute. Mais comme je n'ai pas le choix, je crois qu'il faut tant que possible voir ces moments comme des moments doux... Même si le pincement au cœur ne s'en va pas...

    Mais c'est vrai, on est entre deux eaux... La vie nous force à ne pas encore être parents alors que tout notre être tend vers ça... Alors au moins, soyons un couple heureux, sinon, c'est trop dur...

    Est ce que concernant votre libido, vous en parlez un peu? Parce que ça doit t’attrister...

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    1. Merci pour ton long message Lisette. :)

      Moi aussi, j'ai "deux visages", la fille triste d'un côté, et de l'autre la fille souriante qui arrive au boulot le matin. Mais à force, c'est fatigant, j'ai l'impression d'être un peu schizophrène!

      Oh je sais bien que ça sera fini les grasses mat' et le temps pour moi, alors je me dis qu'il faut que j'en "profite", mais c'est pas de gaieté de coeur! D'ailleurs, ces derniers temps, je n'arrive plus à dormir tard le week-end, et je ne supporte plus d'avoir du temps libre, je m'ennuie... tout ce vide à combler...

      Je tente un max de préserver mon couple et d'entretenir notre bonheur à 2, mais j'ai toujours au fond de moi cette part d'ombre, indélébile. Pour ce qui est du côté seskuel, on en parle beaucoup, et on le vit plutôt bien en fait. Mais c'est ce qui me fait peur, qu'on s'habitue trop facilement à vivre comme ça...

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  2. Ton billet me parle (malheureusement) à un point... Ici j'oscille avec je plaque tout (= je plaque mon taf, ma lubbie du moment), gnarf je continue, gnarf "ca va ?" "smile-de-figuration ça va", "du step, jamais de la vie", "in fait des calins, non j'ai mal aux ovaires, non j'ai mis l'utrogestant, non jpleure l'iac que je sens foirée", "on va au ciné ?" "non pas ce film, y'a des bébés...". Bref, tu me parles, et tu ne pouvais pas tomber plus juste pour également traduire mes pensées du moment (tiens ça aussi ça se synchronise...). Mais tout ce que je te souhaite, c'est de revivre ! Bises et courage

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  3. Tu ne peux pas savoir comme je me reconnais dans tes mots. Pourtant, récemment, j'ai décidé que j'en avais ras-le-bol de tout mettre en suspens, et on a lancé un projet de voyage qu'on remettait sans arrêt parce que "si je suis enceinte partir loin c'est pas une bonne idée". Bon, je ne suis pas encore vraiment dans la PMA, donc c'est différent, je n'ai pas encore la contrainte des traitements. Du coup le voyage risque de tomber pile quand on devrait commencer pour de bon, ben on repoussera d'un mois tant pis. Dur de trouver un équilibre... Bises

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    1. Oui, dur dur de trouver la bonne mesure. Mais voyager va vous faire du bien. L'an dernier, on est quand même partis en Corse car c'était une occasion qui ne se représenterait pas, et au final, heureusement qu'on y a été!
      Pour cette année, de toute façon, on manque de sous, donc l'hypothétique grossesse est juste un argument de plus pour ne pas partir loin...

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  4. C'est très juste ce que tu écris, nous ne sommes ni des jeunes qui profitent ni des parents débordés... Nous sommes en attente, et malheureusement on met pas mal de choses entre parenthèses... Bises.

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  5. Tout pareil... malheureusement.
    La double peine, les 2 visages, les vacances à Groland plutôt qu'à l'autre bout du monde "parce qu'on-ne-sait-jamais"...
    Pfffffff... et pourtant j'en ai écrit des articles dans lesquels je jure par tous les saints que désormais je vais VIVRE!
    Si tu as la solution je la veux bien !
    Bises

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    1. Ah non j'ai pas la solution! ^^ Mais je la cherche activement!

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  6. Pareil aussi. j'ai 2 visages, celui qui sourit, ris, en public, mais qui souffre au fond.
    On est vite mis(e)s dans dans cases, à nos âges si l'on a pas d'enfants, "on profite". Si ils savaient qu'au fond, nos vies sont rythmées par la pma, que l'on s'interdit certaines choses parce que "si je suis enceinte?".
    J'ai du mal a me projetter dans l'avenir, je ne dis même plus "quand on aura des enfants", mais "si on a un enfant" la nuance est là.
    Ma façon de profiter, c'est d'essayer au maximum de ne pas changer ma vie. Profiter de mon couple, de la complicité, de l'amour, des galipettes, etc ...
    Bises

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    1. Moi aussi, maintenant je dis plutôt "si on a un enfant".

      Terrible.

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  7. j'ai souvent ces 2 visages... par moment, je n'arrive plus à les "maitriser", parce uqe la fatigue trahit ma "ptite mine" (dixit une collègue ce matin), ou simplement parce que l'attente, les traitements, tout ça, c'est dur et parfois les larmes prennent le dessus, même en public... au début, ça m'embêtait vriament... je culpabilisais. Maintenant je me dis "basta"...Si je suis pas bien, et ben tant pis, les gens le sauront et s'ils sont pas contents, c'est pareil...
    Bises et courage!

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    1. Pareil! Des fois, marre de faire celle qui va toujours bien! Maintenant, (quand le moment et la personne s'y prête bien sûr) il m'arrive de répondre NON à la fameuse question "Ça va?" Quitte à développer ensuite mais au moins, c'est dit...

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  8. Pour ma part, j'ai décidé de continuer ma vie comme si de rien n'était : un beau voyage et une course de 10km en mai-juin, que j'annulerais si jamais... Je n'ai pas envie de constater, dans 2, 5, 10 ans, que j'ai passé toutes ces années à "attendre". Attendre quoi d'ailleurs... Le bonheur ? Pour moi, le bonheur est là, maintenant. Bien sur ma vie serait plus jolie avec un enfant, j'en rêve! Bien sur que la tristesse m'envahit parfois. Mais je refuse de m'apitoyer. J'aime beaucoup cette phrase : "si tu n'es pas heureux maintenant, tu le seras quand?" demande le sage.

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    1. Bah moi je n'y arrive pas. Un enfant, ça a toujours été mon rêve. Je ne peux pas vivre sans.

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  9. Roh comme je te (je me permets de te tutoyer;)) comprend! Je suis complètement dedans... En essai depuis Déc 2009 fiv 1 faite en février et négative (un unique transfert pas de congelé) tout reprendre en mai/ juin (bah oui parce qu'en plus faut attendre trois mois entre deux fiv pfff)... L'impression comme toi d'etre entre deux et nul part en mm temps ni heureuse mère ni jeune insouciante qui profite de la vie... Les amis ont tous des enfants ont leur sujet de discussion, les copains sont plus jeunes et vivent comme des jeunes et nous ... Comme toi j'ai aussi le sentiment de ne plus vivre enfin si de vivre entre les rdv pma et protocole et encore je vis dans l'attente de la prochaine fiv à bien y réfléchir à déjà tenter de calculer les cycles pour savoir quand je recommencerai le déca les pic pic .... pfff quelle galère cette pma!
    Catherine

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    1. Bien sûr que tu peux me tutoyer!! ^^

      Comme tu dis, on vit dans l'attente des rdv PMA, des traitements, des réponses... j'ai parfois l'impression que notre vie est est suspens, sur pause, alors que celle des autres continue à avancer.

      J'espère que la route va bientôt tourner pour toi!

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    2. Je voulais dire "la roue" bien sûr! ^^

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  10. Merci Gribouillette! La route ou lieu de la roue ça me fait penser que j'ai souvent d'etre à faire du stop sur la route et que personne ne s'arrete ;)
    Plein de courage à ttes!
    Catherine

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