vendredi 16 novembre 2018

Le jeudi, c'est pédiatrie

Cet été, les injections avec l'infirmier à domicile étaient devenues un véritable enfer. Pâquerette angoissait des jours à l'avance, me demandant à chaque réveil si c'était aujourd'hui la piqûre. Le jour J, elle guettait la voiture par la fenêtre, se sauvait en courant dès qu'il passait la porte, hurlait, se débattait sur mes genoux, et pleurait ensuite pendant de longues, très longues minutes. C'était un vrai calvaire pour moi aussi, et un jour la pression était telle que j'ai fini en larmes devant l'infirmier qui n'en menait pas large... 

Ça a été le déclic. Il fallait changer ça, on ne pouvait plus supporter cette situation pendant des mois encore. Inutile de dire que j'avais déjà testé tout se qu'on pouvait tester : les patchs soit-disant anesthésiants, le doudou bien sûr, la sucette en récompense, le dessin animé pour détourner l'attention... plus rien ne fonctionnait. J'ai essayé de me tourner vers l'hypnose, mais Pâquerette étant trop petite, je me suis faite refouler.

C'est donc la mort dans l'âme que j'ai rappelé le service pédiatrie du CHU. Je ne sautais pas de joie à l'idée de passer un jeudi après-midi sur deux à l’hôpital, me rappelant très bien de ce couloir d'attente dans lequel j'ai passé des heures avec Pâquerette quand elle était bébé. Mais je me suis dis que ça serait plus cohérent pour elle, que les soins se fassent là-bas. Et que la maison ne soit plus associée à la piqûre, à la douleur. Et puis surtout, en pédiatrie, les infirmières sont formées et habituées aux enfants. J'espérais que ça se passerait mieux.

Et effectivement, même si ça ne s'est pas fait en un jour, ça va beaucoup mieux. Déjà, quand les infirmières l'appellent, Pâquerette ne se sauve pas. Elle n'hurle pas et ne se débat pas quand j'enlève son pantalon, ce qui est quand même plus pratique... Après, ce qui marche, c'est d'aller vite. Elles sont sympas les infirmières en pédiatrie, elles ont tout essayé pour ne pas faire ça comme des sauvages : les comptines, lui détourner l'attention avec un dessin animé, elles lui ont proposé de faire la piqûre à doudou, de faire des bulles, le MEOPA... en vain. Ce qui fonctionne, c'est de faire le plus vite possible, avant qu'elle n'ait le temps de monter en pression. Je la monte sur mes genoux, face à moi pour faire un câlin/maintien des mains, les infirmières font la piqûre le plus vite possible, Pâquerette pleure (ou hurle) un bon coup, selon les jours, et hop c'est fini, et, invariablement, elle réclame une sucette. Qu'elle obtient bien sûr, les infirmières ayant d'immenses boites remplies de Chupa Chups pour consoler les bambins.

Je ne stresse plus à l'idée que la piqûre approche, elle doit le sentir et être moins angoissée aussi, cercle bénéfique. Ce n'est pas un moment agréable, mais c'est devenu la routine.

Reste le temps qu'on passe à l’hôpital, et là, c'est quitte ou double. 
Y'a des jours, on sait pas pourquoi, tout va comme sur des roulettes. Je me gare sans problèmes, il n'y a personne à l'accueil, à peine le temps de se poser dans la salle d'attente, c'est notre tour. En 45 minutes, on est sorties, et c'est réglé, on peut profiter du reste de la journée.

Et puis, il y a les mauvais jours, comme jeudi dernier, ou tout va de travers. J'arrive pourtant exactement à la même heure, mais le parking est plein, obligée de le parcourir en long en large et en travers avec des idiots qui ne savent pas lire le sens des flèches. Mais vous êtes à contre-sens Monsieur!!! Vous bloquez tout le parking!!! Y'a un monde dingue à l'accueil et il faut déjà attendre 15 minutes rien que pour récupérer ses étiquettes. Et évidemment, ce monde croisé à l'accueil, je le retrouve dans le couloir d'attente, où on ne sait où s'asseoir au milieu des poussettes. Après 10 pages de gommettes et 4 lectures du même livre (le seul qui n'est pas déchiré), Pâquerette commence à s'ennuyer et, du coup, à stresser... Au bout d'une heure c'est enfin notre tour, et là, loi des séries oblige, c'est pas une infirmière qu'on connait. Elle prend son temps pour essayer de mettre ma puce à l'aise (grave erreur madame, faut aller vite!), me parle du MEOPA (on connait merci mais non), Pâquerette commence déjà à pleurer alors que l'aiguille n'est pas encore en vue... Heureusement, celle qu'on connait arrive, prend les choses en main, et hop c'est fini. Enfin, pas tout à fait. Il faut encore passer à la borne pour le ticket de parking, et évidemment, des petits vieux bloquent le passage pour demander comment ça marche. Quand on monte enfin dans la voiture, ce n'est pas terminé pour autant car il faut maintenant faire la queue derrière une file d'automobilistes qui attendent, leur ticket à la main, que la barrière se lève. Et bien sûr, j'ai choisi la file qui n'avance pas. Du tout.

Bref, y'a des fois, on met 3h, trajet compris. On y passe l'après-midi. Dans ces moments-là, je regrette un tout petit peu l'infirmier à domicile. Puis je me rappelle, et je me dis qu'en fait, c'est pas si mal l’hôpital...

6 commentaires:

  1. Juste un grand bravo pour tout ce que vous faites pour votre fille. C'est précieux pour elle, ces questionnements qui sont les vôtres et votre attention particulière à son bien être physique et psychique.
    Lily

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci, c'est gentil. Mais toutes les mamans réagiraient pareil dans cette situation je pense. ;) On veut juste rendre son enfant le plus heureux possible...

      Supprimer
  2. C est une terrible souffrance que de voir son enfant souffrir... On aimerait pouvoir prendre sa douleur et on ne peut pas... J espère qu avec le temps la maladie s apaisera et que les soins deviendront plus facile. Plein de courage à vous 2 !

    Mimo

    RépondreSupprimer
  3. Bonsoir,
    Je vous ai déjà écrit car ma fille a le même traitement. Depuis octobre nous avons de nouvelles seringues d humira 20 mg déjà prêtes et le produit ne fait plus hurler ma fille.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup pour l'info. C'est génial si ça limite la douleur de votre fille! :) Je vais en parler à la rhumato qui suit Pâquerette.

      Supprimer