4 SA + 4

Je suis en vacances, Pâquerette est chez sa mamie, et je ne pense qu'à lui, Charlie. A chaque instant. J'ai envie de parler de lui, pour le rendre plus réel, mais en même temps, il n'y a pas grand chose de nouveau depuis hier.

La PMA m'a dit que mon taux était super. Ma prochaine prise de sang aura lieu mardi 2 novembre. Autant dire dans mille ans. Mon taux de progestérone était juste bien, la sage femme m'a conseillée de rester tranquille (assise, ou encore mieux allongée) pendant le quart d'heure suivant ma prise de Progestan. Ce que je faisais déjà, sauf quand je ne suis pas chez moi. 

Je ne peux pas avancer le temps, seulement faire preuve de patience. En attendant, j'essaie de prendre soin de moi et donc de Charlie. Je mange le mieux possible. Je fais ma méditation tous les jours. Je me repose. Et j'attends. Je suis allée relire des articles de mon début de grossesse pour Pâquerette, je trouve beaucoup de similitudes dans mon ressenti, aussi bien physique que psychologique.  

Mon chat est un vrai pot de colle. Avant même la prise de sang, elle s'était mis à me suivre partout comme un petit chien. Et à la seconde où je m'assois, hop, elle saute directement se coucher sur mes genoux. Un sixième sens sans doute. 

J'ai eu (déjà) les premières remarques à la con, du type "Comme tu n'y pensais plus / tu étais plus détendue, ça a marché." Ce genre de réflexion maladroite devrait me glisser dessus, mais c'est plus fort que moi, ça me donne des envies meurtre. 

C'est pas que je n'y pensais plus, c'est que j'étais en train de faire mon deuil. Ce qui était très douloureux. C'est pas que j'étais plus détendue, c'est que j'étais complètement désabusée, désinvestie, désespérée. 

J'ai répondu un peu sèchement que je suis en insuffisance ovarienne. Que j'ai fait 4 FIV avec très peu d'embryons voire pas du tout, et sans doute de mauvaise qualité. Et que sans embryon, oui, ça ne pouvait pas marcher c'est sûr... 

Les gens sont toujours aussi maladroits. A comparer avec leur propres angoisses pour leur grossesse. Je suis désolée mais ce n'est pas pareil. Là on parle d'une grossesse obtenue après huit tentatives de PMA, plusieurs passages sur le billard, des centaines de piqures, des dizaines d'échographies, de rendez-vous, presque six années d'espoirs et d'attente. C'est une grossesse tellement précieuse. 

Personne ne peut comprendre. Toujours cette impression d'être différente. 

Alors je parle à Charlie. Tous les deux, on se comprend.