dimanche 4 septembre 2022

Baby blues

Après bien des aventures et des années d'attente et de sacrifice, mon rêve venait donc de se réaliser. J'étais rentrée à la maison avec petit Charlie, et nous étions enfin réunis tous les quatre. La famille était au complet.

J'aurais dû être la plus heureuse du monde.

Et il n'en était rien. 

J'ai hésité à écrire ces lignes, pétrie de honte et de culpabilité. Mais je me dis d'abord que mon blog n'est presque plus lu, et ensuite que je me dois d'être transparente et sincère...

Je dois avouer que les premières semaines ont été très difficiles. Je pleurais tous les jours. Epuisée par mon accouchement catastrophe et le rythme avec un nouveau né. Et pleine de culpabilité envers Pâquerette, avec qui je ne pouvais plus partager aucun moment. Elle m'avait terriblement manqué pendant cette semaine de séparation et j'avais hâte de la retrouver, de recréer le lien. Or je ressentais comme une cassure. Comme si j'avais perdu ma fille. Elle se montrait très distante, j'avais l'impression qu'elle n'était plus comme avant, que notre lien avait changé et qu'on ne retrouverait jamais notre complicité. Un vrai chamboulement dans notre relation si exclusive et particulière.

Je n'assume pas du tout ce que je vais écrire mais... au fond j'en voulais un peu à bébé Charlie, qui venait chambouler notre vie. Je lui en voulais de me séparer de Pâquerette, de m'accaparer 24h/24 avec ses besoins de téter, d'être bercé, de ne dormir que dans nos bras... Et bien sûr, je culpabilisais de lui en vouloir. Comment en vouloir à ce petit être innocent, qui n'avait rien demandé?

Alors s'ajoutait une troisième culpabilité. L'impression de me trahir moi-même, de trahir la PMette que j'étais et par extension toutes mes copines d'infortune. De quel droit je pouvais être si mal, de quel droit je pouvais me plaindre, alors que j'avais la chance d'avoir eu un petit garçon en pleine santé?

Cette tempête d'émotions et la fatigue cumulée faisait que je n'étais pas patiente pour un sou avec Pâquerette. Et alors que je rêvais qu'on se rapproche toutes les deux, c'est le contraire qui se produisait. Elle-même ne savait plus trop où était sa place je pense, face à ce petit Charlie si accaparant et cette maman dépassée. Heureusement, mon homme compensait, mais c'était douloureux de les voir jouer ensemble, alors que moi j'allaitais 24h/24 ou presque... J'ai beaucoup pleuré, coincée sur mon canapé avec bébé, pendant qu'ils rigolaient tous les deux dans la piscine. Ma fille me manquait.

La canicule n'a clairement pas aidé. Nous sommes restés bloqués à la maison, volets fermés, pendant deux semaines... une éternité. Impossible de prendre la poussette pour aller faire un tour en cas de bébé hurlant. Impossible de se poser sur la terrasse pour prendre l'air (quel air?). Le manque de luminosité ne m'aidait pas à sortir de la déprime dans laquelle je m'enfonçais... J'ai failli lâcher l'allaitement mais j'ai tenu bon, me rappelant à quel point j'avais regretté d'avoir dû arrêter pour Pâquerette. 

J'ai tenu bon et j'ai attendu que la tempête passe. 

Et petit à petit, elle est passée. Bébé Charlie a commencé à dormir un peu plus, téter un peu moins. J'ai été un peu moins crevée, j'ai pu passer quelques moments privilégiés avec Pâquerette. Son petit frère étant de plus en plus éveillé, elle a commencé à s'y intéresser davantage, à jouer de plus en plus son rôle de grande sœur. Tout doucement chacun trouve sa place dans notre nouvelle famille. 

Aujourd'hui, Charlie a 2 mois. Il commence à faire des siestes dans son lit et se réveille moins la nuit. Je revis. J'ai l'impression d'avoir retrouvé ma fille. De m'être retrouvée aussi. Je tisse chaque jour un lien plus fort avec mon bébé si souriant. Et même si ce n'est pas rose tous les jours, nous sommes en train de trouver un nouvel équilibre tous les quatre. 

Et je suis heureuse. 

4 commentaires:

  1. Cela fait plaisir de lire un tel article. Souvent je me suis reconnue dans vos écrits. Les grossesses ne sont pas toujours faciles ni les accouchements. Maintenant mon fils est grand mais il nous en a fait voir jusqu'au moins 3ans. De ce fait je ne voulais plus d'enfants. Il a été unique... Bon COURAGE pour la suite cela ira en s'améliorant. La reprise d'école fera beaucoup pour Paquerette.
    BISOUS.
    ODILE 67.

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    1. Merci pour ton gentil message. Effectivement, avec Pâquerette à l'école c'est plus simple de tout gérer.

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  2. C'est dur les premiers semaine, pmette ou non. Ça fait plaisir de lire que les choses s'améliorent.
    Maminechat

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    1. C'est sûr... mais la culpabilité n'est peut-être pas la même?
      Merci pour ton message Mamine.

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