Notre petit Charlie a soufflé ses 3 bougies le mois dernier. Il sort officiellement de la toute petite enfance. Il y a quelques jours, nous avons dit aurevoir à sa nounou, non sans émotion j'avoue. Mais en même temps, quelle joie de le voir grandir et faire de nouvelles choses chaque jour! A nous l'école maternelle dans quelques semaines!
Il est si différent de Pâquerette que j'ai prévenu la maitresse : ça ne sera pas le même modèle.
Sa sœur était si posée, si sage, et avait tellement soif d'apprendre. A l'entrée en petite section (avec 6 mois de plus que lui c'est vrai, car elle est de début d'année), elle connaissait toutes les lettres de l'alphabet, savait compter et dénombrer jusqu'à 15, reconnaitre et écrire son prénom... sans que je n'y sois pour grand chose. J'avais juste répondu à ses demandes.
Elle enchainait les jeux de société et les puzzles, sans bouger de sa petite chaise, sagement, ou passait de longs moments à regarder des livres. Et elle adorait ça! Ça surprenait tout le monde, moi ça me semblait normal, je n'avais pas de point de comparaison dans mon entourage proche. Elle était si calme, si réfléchie, et parlait comme un livre. Elle a toujours fait plus que son âge, et le saut de classe a achevé de la faire grandir trop vite.
Charlie est très différent.
Une boule d'énergie qui court, qui saute, qui crie, qui tombe, qui repart...
Il a soif d'apprendre lui aussi, mais pas les lettres ou les chiffres, ça il s'en fiche complètement. Lui il est dans la vraie vie. Il veut apprendre à jardiner, à bricoler, à faire ses tartines tout seul.
Il est très autonome et débrouillard, sort ses vêtements du placard, s'habille sans aide, enfile ses chaussures... (quand il l'a décidé hein, parce qu'il sait aussi très bien s'opposer...)
Alors que ma grande vit beaucoup dans sa bulle, avec ses bouquins, Charlie est très observateur de la vie de la maison et très aidant. Il aime assister maman dans les gestes du quotidien, dresser la table du petit déjeuner, sortir les vêtements de la machine à laver... Il a toujours une passion pour le bricolage, et sait même utiliser un vrai tournevis. Changer les piles d'un jouet est une de ses occupations favorites!
Il m'épate un peu plus chaque jour par ses idées et ses initiatives.
Il se montre également très sociable, va facilement discuter et jouer avec des enfants, comme des adultes. Il est d'ailleurs très pressé d'aller à l'école pour se faire plein de nouveaux copains.
Tout le contraire de sa sœur.
Bref, les opposés. Qui sont pourtant si proches et qui rigolent tellement bien ensemble.
Avoir des enfants si différents a bouleversé plusieurs de mes croyances. Dans un premier temps, ça m'a aidé à relativiser l'influence que nous avons sur nos enfants en tant que parent et à moins culpabiliser. Par exemple, si Pâquerette manquait d'autonomie, ce n'était pas seulement parce que je l'ai couvée comme la maman poule que je suis. C'est aussi parce qu'elle n'a jamais été demandeuse. Enfiler son manteau seule ou mettre ses chaussettes comme une grande, ça ne l'intéressait pas le moins du monde. J'ai été la première surprise de voir Charlie essayer encore et encore de faire seul, sans jamais que ça ne vienne de moi et sans jamais se décourager.
Ce petit Charlie, si plein de vie, si bruyant et si remuant m'a aussi fait devenir plus empathique et plus compréhensive envers les autres parents. Passé la période "nourrisson", Pâquerette a été si facile à vivre, nous avons eu très peu d'opposition, quasiment aucune crise de colère. C'était simple pour moi de croire que notre éducation plutôt "positive", mon attitude bienveillante et à l'écoute avait fait des miracles. Quelle arrogance quand on y pense! C'est sûr que c'est facile d'éduquer un enfant que le moindre froncement de sourcil suffit à faire pleurer. Avec son frère, c'est une autre paire de manches. Je fronce les sourcils, il se marre. J'explique, il s'en fiche. Je me fâche, il continue. Alors il va au coin. Pâquerette n'y a jamais été de sa vie...
Je suis également devenue une meilleure maitresse grâce à lui. J'avoue que malgré moi, j'avais un peu tendance à juger intérieurement certains parents d'élèves. J'avais la croyance chevillée au corps qu'il suffisait de s'occuper correctement de son enfant pour qu'il sache faire ci ou ça. La preuve, ça avait très bien marché avec Pâquerette. Je faisais de ma fille une généralité.
Sauf que... j'ai essayé de faire avec Charlie tout ce que j'avais fait avec Pâquerette et... ça n'a pas donné le même résultat!
A 2 ans tout pile, j'ai sorti le premier jeu de société estampillé spécial tout petit. Il n'a pas suivi les règles du tout bien-sûr, il n'était pas prêt! Il n'était pas plus prêt à 2 ans et demi d'ailleurs.
Je lui ai laissé à disposition tous les puzzles que Pâquerette adorait, notamment celui des lettres qu'elle connaissait par cœur à son âge. Il n'a jamais placé plus de 3 lettres, ça ne l'intéressait pas. Je lui ai acheté des crayons, des feuilles, un tableau... il s'en moque. Il fait trois gribouillis et c'est terminé. Sa bibliothèque est tout aussi remplie que celle de sa sœur, pour autant, il n'a pas remarqué que T'choupi s'écrivait avec un T comme Tata. Et c'est normal! Il suit son rythme (qui est plus proche de la norme que celui de sa sœur d'ailleurs...), il a son caractère, ses passions, ses envies. Il n'est pas Pâquerette. Et c'est très bien ainsi.
Contrairement à ce que j'ai souvent cru, il ne suffit pas de créer un environnement propice pour qu'un enfant s'intéresse à la lecture, aux puzzles, ou sache rester assis à écouter sagement la consigne. Chaque enfant est différent. Je le savais en théorie mais là je le vis en pratique. Et ça remet bien les pendules à l'heure.
Bref, mon fils fait de moi une meilleure personne.
Et surtout, il comble mon cœur de maman chaque jour.
Joyeux Anniversaire petit Charlie!